Pierre Bergé & Associés veut s’installer à Singapour

Par Marion Zipfel (Correspondante à Singapour) · lejournaldesarts.fr

Le 2 février 2015 - 515 mots

SINGAPOUR [02.02.15] - Alors que les grandes maisons de ventes aux enchères ne jurent que par Hong Kong, la petite maison française Pierre Bergé & Associés regarde du côté de Singapour pour ses premiers pas en Asie. Un pari aussi audacieux que risqué.

Pourquoi Pierre Bergé & Associés veut-elle s’installer à Singapour ? La question prend tout son sens compte tenu du contexte régional.

Avec sa proximité avec la Chine et les collectionneurs chinois, Hong Kong est devenue la capitale de l’art en Asie. Un titre confirmé l’année dernière par le lancement de la première édition d’Art Basel Hong Kong, par la présence de grandes galeries internationales de Perrotin à Gagosian, sans oublier bien sûr la tenue de ventes aux enchères. Hong Kong est aujourd’hui le 3ème centre mondial de ventes aux enchères (derrière Londres et New York) et la première place en Asie. Au-delà des géants comme Christie’s ou Sotheby’s, toutes les maisons s’y pressent. Bonhams a ouvert en mai 2014 et la maison Phillips devrait s’installer en mai 2015. La concurrence y est intense et est renforcée par la présence de maisons chinoises comme Poly Auction ou China Guardian devenues en quelques années des poids lourds du marché.

Pourtant c’est à Singapour que la maison française de ventes aux enchères Pierre Bergé & Associés envisage de sortir de son pré carré hexagonal et de faire son entrée sur la scène asiatique. Un choix audacieux qui ne serait pas pour déplaire au gouvernement de Singapour qui se rêve en « global city for the arts ». Musées, galeries, foires, Singapour développe les projets tous azimuts mais une pièce majeure manque à son édifice : les ventes aux enchères. Hormis deux maisons indonésiennes, il n’y a plus de ventes aux enchères dans la cité-Etat. Christie’s présente depuis 1993 a cessé d’y organiser des ventes à partir de 2002 pour se tourner vers Hong Kong.

Les Français pourront assurément compter sur le soutien du gouvernement mais de nombreuses questions demeurent. A commencer par la fiscalité puisqu’une TVA de 7 % s’applique au commerce de l’art. Le marché de Singapour et les collectionneurs de la région sont-ils suffisants ? Réussiront-ils à attirer à Singapour les collectionneurs chinois ? Dans un monde de grandes « marques », que représente Pierre Bergé & Associés pour des clients asiatiques ? Les Chinois ont-ils toujours en tête la déclaration de Pierre Bergé en 2009 lors de la vente YSL-PB : « Je suis absolument prêt à donner ces deux têtes à la Chine. Tout ce que je demande en contrepartie est que ce pays donne les droits de l’homme, la liberté au Tibet et accueille le dalaï-lama » ?

Pour prendre la température, Antoine Godeau, le directeur de PB&A sera à Singapour cette semaine pour y rencontrer les différents acteurs du marché de l’art. Pour ses premiers pas en terre inconnue, il va notamment s’appuyer sur Guillaume Levy-Lambert, installé à Singapour depuis près de 20 ans et à la tête avec son partenaire Mark Goh de la collection Magma regroupant plus de 300 œuvres d’artistes contemporains chinois et du sud-est asiatique.

Légende photo

Singapour - © Photo LuAbrg - Licence CC BY-SA 4.0 

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