Mexique - Art contemporain - Censure

La Fondation Jumex préfère annuler son exposition sur l’Actionnisme viennois

Par Frédéric Bonnet · lejournaldesarts.fr

Le 2 février 2015 - 420 mots

MEXICO (MEXIQUE) [02.02.15] - Le Museo Jumex s’autocensure en annulant ses expositions dédiées à Hermann Nitsch et à l’Actionnisme viennois sous la pression d’une pétition qui a recueilli 5 000 signatures. La Fondation s’éloigne de plus en plus de ses origines.

Le Museo Jumex - © Photo Keizers - 2013 - Licence CC BY-SA 3.0
Le Museo Jumex à Mexico.
Photo Photo Keizers

Le Museo Jumex a officiellement fait part, vendredi 30 janvier, de la « suspension » de ses prochaines expositions dédiées à l’Actionnisme viennois et à l’un de ses principaux acteurs, Hermann Nitsch, qui devaient s’ouvrir le 26 février prochain, mises en musique par le curateur français Michel Blancsubé.

Nulle raison officielle n’est invoquée, mais la mise en ligne le 22 février sur le site change.org d’une pétition critiquant Nitsch au motif que le terreau de son travail tiendrait dans la mise à mort d’animaux, déjà signée par un peu plus de 5 000 personnes à la date du 1er février, semble avoir conduit à cette décision. Sans doute, tant la direction du musée que celle de l’entreprise Jumex, mastodonte de la production de jus de fruit au Mexique, auront-elles voulu éviter un possible scandale.

L’autocensure rampante, qui depuis une quinzaine d’années semble s’étendre toujours plus, a fait une nouvelle victime, accréditant une fois de plus l’idée que l’on ne peut plus parler de tout dans les musées ou les galeries, malgré l’intérêt des artistes ou des œuvres, fussent-ils historiques. Surtout, elle touche l’un des acteurs majeurs de l’art contemporain au Mexique, la Fondation Jumex, qui en novembre 2013 avait inauguré avec faste son musée dans le quartier de Polanco, à Mexico, conçu par l’architecte britannique David Chipperfield.

Avec la plus grande collection d’art contemporain en mains privées au Mexique et peut-être en Amérique latine, la fondation a su, pendant de nombreuses années, déployer un programme d’expositions ambitieux dans son usine d’Ecatepec, au nord de Mexico, tout en développant des bourses, un programme d’éditions, et de nombreuses initiatives afin de favoriser la création artistique.

L’entreprise semblait toutefois avoir perdu de son mordant depuis l’inauguration du musée, qui s’est ouvert avec un accrochage des plus ternes et fut suivi par une exposition sur Cy Twombly décevante. Les actuelles expositions d’Abraham Cruzvillegas et de Danh Vo, artistes très en vue en ce moment, ont achevé de convaincre nombre d’observateurs que l’institution semblait prendre le chemin d’un parcours balisé, loin des expérimentations dont elle a pu faire montre par le passé. Ce que l’Actionnisme viennois aurait pu démentir.

À quelques jours de l’inauguration de la foire d’art contemporain Zona Maco, le 4 février, voilà qui ne devrait pas manquer d’alimenter toutes les conversations.

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