Amende de 50 000 euros requise contre la petite-nièce de Camille Claudel pour contrefaçon

Par Nathalie Eggs · lejournaldesarts.fr

Le 12 novembre 2014 - 629 mots

PARIS [12.11.14] - Une amende de 50 000 euros a été requise par le procureur jeudi 6 novembre à l’encontre de Reine-Marie Paris, la petite-nièce de Camille Claudel, jugée par le Tribunal correctionnel de Paris pour des fontes posthumes de deux œuvres de la sculptrice, La Vague et La Valse.

Le volet pénal de l’affaire des fontes posthumes des sculptures La Vague et La Valse de Camille Claudel s’est ouvert devant le Tribunal correctionnel de Paris jeudi 6 novembre. Reine-Marie Paris (76 ans), petite-nièce de Camille Claudel est poursuivie pour tromperie et pour contrefaçon.

Entre 1989 et 1998, Reine-Marie Paris avait fait tirer neufs exemplaires entièrement en bronze, grâce à un surmoulage de La Vague. Une signature de Camille Claudel et une numérotation y ont été apposées ; un certificat d’authenticité signé de Reine-Marie Paris les accompagnait. Or, à l’origine, La Vague, aujourd’hui exposée au Musée Rodin à Paris, est faite de marbre onyx, et les trois petites baigneuses qui s’apprêtent à être englouties sont en bronze. Pour les héritiers de Paul Claudel (frère de Camille Claudel), ces neuf fontes posthumes constituent des contrefaçons car elles ne respectent pas la volonté de la défunte. Selon eux, Camille Claudel n’aurait jamais souhaité que La Vague soit réalisée en un seul matériau.

Également en cause, le tirage posthume d’un exemplaire d’une autre sculpture de Camille Claudel, La Valse. « Reine-Marie Paris est allée au-delà de la volonté de Camille Claudel », en faisant quasiment doubler la taille de l’œuvre, a affirmé l’accusation.

Pour la magistrate du parquet, Reine-Marie Paris s’est livrée à une « trahison artistique », une « atteinte à l’intégrité de l’œuvre » et a « tiré pas mal d’argent de tout ça » rapporte l’AFP. Outre une amende de 50 000 euros, la procureur a demandé au tribunal d’ordonner la destruction, aux frais de Reine-Marie Paris, des œuvres que le tribunal jugera comme étant contrefaisantes, ainsi que la diffusion du jugement dans des organes de presse.

Les avocats de la défense ont dénoncé un procès qui se « transforme en débat d’histoire de l’art ». Pour Me François Esclatine, « on est en train de débattre de ce qu’a voulu ou non Camille Claudel ». « On fantasme totalement la volonté de l’artiste », a renchéri son confrère Jean Aittouares, estimant qu’il n’y a pour lui « pas de doute » sur le fait que le tirage de ces œuvres était possible. Selon lui, les faits sont qui plus est prescrits.

Sur l’action en tromperie (intentée en 2001 par un amateur d’art belge qui avait acheté deux sculptures, un exemplaire de La Vague et un autre de La Valse, pour un montant total de 800 000 euros à un galeriste qui les avait lui-même acquis auprès de Rose-Marie Paris pour un total de 90 000 euros), Me Aittouares a estimé que « la date des ventes est inconnue » et qu’aucun élément n’est produit sur leurs circonstances. Dès lors qu’il n’y a pas de contrat, l’infraction ne peut pas exister dans le cadre de cette vente à laquelle « Reine-Marie Paris ne participe en aucune manière », a-t-il plaidé. Le demandeur réclame le remboursement du prix des deux œuvres et d’autres frais, soit environ un million d’euros.

« Quelle que soit l’issue de ce procès pénal diligenté contre moi par une partie de ma famille, je dis en mon âme et conscience que j’ai défendu l’oeuvre de Camille Claudel avec passion », a déclaré Reine-Marie Paris aux juges. Le 19 février 2014, la cour d’appel de Versailles avait condamné symboliquement l’ayant-droit, pour avoir porté atteinte à l’intégrité de l’œuvre, car les tirages ne traduisaient pas, pour la cour, « l’intégralité de l’empreinte initialement donnée par l’artiste de sa personnalité ».

Le Tribunal correctionnel rendra son jugement le 19 décembre.

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