La Tunisie envisage de privatiser la gestion d’une partie de son patrimoine culturel

Par Ismène Bouatouch · lejournaldesarts.fr

Le 10 juin 2014 - 357 mots

TUNIS (TUNISIE) [10.06.14] – Le ministère tunisien de la Culture a annoncé son intention de confier la gestion d’une partie du patrimoine culturel du pays à des sociétés privées. Elle se justifie en invoquant la faiblesse des moyens publics.

Le gouvernement tunisien envisage de privatiser la gestion d’une partie de ses monuments historiques et sites archéologiques. En réaction à cette annonce du ministère tunisien de la Culture, les employés de l’Agence de mise en valeur du patrimoine et de promotion culturelle (l’une des deux principales institutions, avec l’Institut national du patrimoine (INP), qui gèrent le patrimoine du pays) ont entamé un mouvement protestataire. Ils ont organisé un « sit-in » le mardi 3 juin 2014 et déposé un préavis de grève du 11 au 13 juin.

Mourad Sakli, ministre tunisien de la Culture depuis janvier 2014, a défendu son projet dans une interview accordée au quotidien webmanagercenter le 6 juin 2014. « Il ne s’agit pas de vendre ou de donner », a précisé Mourad Sakli. La privatisation des monuments s’organisera en effet sous la forme d’une concession, pour une durée de 25 à 30 ans, en faveur d’investisseurs privés qui pourront exploiter les sites à des fins culturelles et artistiques, sous la supervision de l’INP. « Il y a beaucoup de sites qui sont pillés quotidiennement, qui sont abandonnés et qui tombent en ruine », a expliqué le ministre de la Culture, précisant que le gouvernement n’avait pour le moment pas « les moyens matériels ni humains » d’entretenir et de mettre en valeur les monuments et les sites archéologiques tunisiens.

Soumaya Gharsallah-Hizem, ancienne employée à l’Institut national du patrimoine (tunisien), a rapporté le 4 juin 2014 dans le Leaders Tunisie que « certains sites et monuments ne peuvent pas être confiés aux privés et seront certainement exclus de la liste du patrimoine à privatiser. » D’après elle, le ministère sera « appelé à établir cette liste selon des critères biens définis ».

Il y aurait donc peu de chance de voir la Médina de Tunis ou le site archéologique de Carthage, tous deux inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1979, passer sous gestion privée.

Légende photo

Colonnes en ruines sur le site de Carthage, Tunis, Tunisie - Photo Rais67 - 2010

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