Aux Etats-Unis, une exposition Frida Kahlo uniquement constituée de copies

Par Amélie Du Fretay · lejournaldesarts.fr

Le 28 novembre 2013 - 569 mots

SAN DIEGO (ETATS-UNIS) [28.11.13] – Curieuse exposition sur l’œuvre de Frida Kahlo que celle organisée au Naval Training Center at Liberty Station, à Point Loma, San Diego. Les organisateurs ont commandé à quatre artistes chinois des copies de ses œuvres, mais rien dans la scénographie ni dans les supports de communication n’indique que ce sont des répliques.

L’œuvre et la vie de l’artiste mexicaine Frida Kahlo fascinent et attirent régulièrement de nombreux visiteurs. C’est peut-être pour profiter de cette popularité que les organisateurs d’une exposition au Naval Training Center at Liberty Station de San Diego aux Etats-Unis, Mariella Remund et Hans-Jürgen Gehrke, n’ont pas jugé bon de préciser dans leurs supports de communication ni même dans les cartels de l’exposition que les œuvres exposées étaient de simples répliques peintes à leur demande par quatre artistes chinois. « Cela me gêne de n’avoir pas vu une seule fois le mot réplique. » s’insurge Roxana Velasquez, directrice du San Diego Museum Of Art, après avoir visité l’exposition.

Comme le signale The Art Market Monitor, rien n’indique la nature réelle des œuvres exposées dans le titre plutôt accrocheur figurant sur l’affiche de l’exposition : « The complete Frida Kahlo : Her Paintings, Her Life, Her Story ». Si bien que les visiteurs séduits par cette promesse risquent d’être un peu déçus en apprenant qu’aucune œuvre originale n’y figure, d’autant plus que le prix d’entrée est élevé (16,50 dollars).

Le catalogue n’est pas non plus davantage explicite. C’est seulement au détour d’une notice que l’on comprend que The Wounded Tabled (1940), peinture disparue en 1955 alors qu’elle devait rejoindre Moscou pour une exposition, a été remplacée par une réplique. Par contre, les auteurs ne semblent pas avoir jugé nécessaire de renouveler cette information, si bien que les notices reprennent les informations figurant habituellement dans un cartel classique, le titre de l’oeuvre, sa date, et même son lieu de conservation, sans préciser qu’il ne s’agit pas de l’œuvre originale, mais bien de sa copie.

De même, le communiqué de presse entretien la confusion en annonçant qu’il s’agit de la seule exposition où l’on peut voir l’ensemble des œuvres de Frida Kahlo et même des œuvres inédites, pour la première fois montrées au public. Seule une phrase inscrite sur une feuille de papier plaquée sur la porte d’entrée et sur le distributeur de billets indique qu’il s’agit de répliques, indication que les visiteurs risquent fort de ne pas repérer.

Devant l’indignation des professionnels du monde de l’art, Mariella Remund et Hans-Jürgen Gehrke se défendent d’avoir cherché à tromper les visiteurs. Ils plaident un manque de temps dans la préparation des supports de communication et assurent qu’ils veilleront à ce que le catalogue soit modifié lors de sa réédition.

Les organisateurs se disent fiers du travail réalisé par les artistes chinois, maîtres dans l’art de la copie, dont ils ont souhaité mentionner expressément les noms dans l’exposition. Pour valoriser leur travail, ils auraient même envisagé d’indiquer leurs noms et leurs biographies sur le site de l’exposition, proposition que les artistes auraient refusé, craignant d’être étiquetés comme copistes de Frida Kahlo.

L’exposition a vocation à circuler dans d’autres villes des Etats-Unis, Mariella Remund et Hans-Jürgen Gehrke s’étant associés à un partenaire GEP1 (Global Entertainment Properties), société de Los Angeles spécialisée dans les expositions itinérantes, qui a déjà géré deux événements sur Star Trek et le Titanic. San Diego est donc la première étape de ce tour des Etats-Unis.

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