Paris Photo moteur d’une belle énergie

Par Christine Coste · lejournaldesarts.fr

Le 18 novembre 2013 - 814 mots

PARIS [18.11.13] - Pendant une semaine, Paris est redevenue la capitale mondiale de la photographie qu’elle aimerait tant rester toute l’année, portée aussi bien par Paris Photo, les ventes chez Sotheby’s ou Christie’s que par des manifestations plus pointues tel le salon Offrint, consacré aux pratiques émergentes de l’édition des arts visuels.

L’attrait de Paris Photo auprès d’un nombre grandissant de collectionneurs, conservateurs et d’amis des musées, en particulier américains, s’est confirmé lors de cette dixième-septième édition. « A la différence de l’an dernier, ils sont venus tous les jours », note Eric Dereumaux de la Galerie RX pour qui cette édition « est la plus belle » qui lui ait été donné à vivre. « Nous avons très bien vendu et beaucoup de projets institutionnels se concrétisent, des photos de la série Tour de Babel de Duzhenjun ont été notamment vendues à deux gros acheteurs » dont la fondation américaine Andrew Pilara, qui envisage une exposition de l’artiste, fondation au top ten des collectionneurs photo les plus importants au monde.

À cet égard, et à la différence de l’an dernier, la soirée J.P. Morgan du mardi soir était profitable à beaucoup de galeries françaises, telles Camera Obscura, Les Filles du Calvaire, Xippas, Polka, Esther Woerdehoff, In Camera et Vu. « Les ventes et les contacts pris au cours de ces quatre journées ont réparé une année 2013 plutôt morose », confie Bernard Utudjian de Polaris.

Chez David Zwirner, si on dit avoir vendu « en grande quantité, mais à petit prix à la différence de la Fiac », on apprécie « la clientèle qui s’avère différente des autres foires », relève Justine Durrett, directrice des ventes. « Elle est bien plus pointue et informée, revient aux œuvres et passe du temps devant elles. » Toutefois elle demeure encore largement indifférente à des travaux comme ceux de Duane Michals (Esther Woerdehoff) ou à des pièces atypiques comme la tapisserie de Paul Thorel, pièce marquante et remarquée de cette édition, sans qu’aucune option ne soit prise. « Nous l’aurions immédiatement vendu à la Fiac », souligne Guido Costa. Même constat chez Suzanne Zander dont le solo show exceptionnel sur Horst Ademeit n’a pas trouvé son public au-delà des nouveaux contacts pris au cours du salon par la galeriste allemande.

De fait les visiteurs de Paris Photo diffèrent encore largement de ceux de la FIAC comme l’offre proposée. Circonscrite ainsi les oeuvres de Wolgang Tillmans ou de Thomas Ruff à quelques stands tels ceux de Gagosian ou David Zwirner.  Face à l’éventail des propositions liées ou non à une actualité, leur présence quoi qu'on en dise reste limitée ; il suffit de ne prendre que les solo shows, de Robert Capa (Daniel Blau) à Sophie Ristelhueber (Jérôme Poggi) ou Marc Trivier (Bernard Boucher).

Actualité liée à une exposition passée ou à venir qui a, par ailleurs,  boosté les ventes. La satisfaction était manifeste, que ce soit au niveau des ventes ou des rencontres, chez la galerie argentine Rolf Art et Vasari dont c’était la première participation à Paris Photo et dont on peut retrouver quelques artistes à l'exposition « America  Latina photographies 1960-2013 » à la Fondation Cartier. La mine était tout aussi réjouie chez Daniel Blau qui a vendu à une institution européenne la collection d’époque d’images de Robert Capa portant sur la période 1943-1945 et donnée à voir à l’occasion du centenaire de la naissance du reporter photographe.

Si pour certains galeristes, cette édition n’a pas eu les résultats escomptés, elle apparaît pour beaucoup une nouvelle montée en gamme générale qui a bénéficié entre autres aux artistes français en particulier à Valérie Belin, Sophie Ristelhuebert, Robert Polidari ou Antoine d’Agata. Les pièces rares ont trouvé de leur côté preneur. Vendu, le Konditormeister d’August Sander à un million d’euros (Feroz) et l’extrait de planches-contacts de The Americans de Robert Frank (70 000 euros, Thomas Zander).

Du côté de Christie’s et Sotheby’s qui ont enregistré respectivement un total de ventes de 4,609 millions d’euros et de 2,2 millions, on se déclarait également satisfait de ces bons résultats. À l’École nationale des Beaux-Arts de Paris, cadre du salon Offprint, l’atmosphère palpitait tout autant, mais là sur fond d’édition d’ouvrages qui donne à voir, à entendre aussi, une création débordante de vitalité et de créativité.

Si les trois quarts pas ne sont pas encore sur des cimaises, et n’ont pas les moyens pour être à Paris Photo, il n’en reste pas moins que leur présence éclaire d’une autre lumière cette semaine particulière pour le petit monde de la photographie, loin des codifications, des exigences de curating de stands ou du moindre service facturé comme les 1 400 euros que doivent s’acquitter obligatoirement les galeries de Paris Photo pour le site Internet du salon bien qu’elles paient déjà fort cher le prix du mètre carré de leur stand (445 euros). Un comble que dans les stands, on relevait régulièrement.

Vue du stand Gagosian à Paris Photo, à droite un nu de Thomas Ruff - Grand Palais - novembre 2013 - © photo Ludosane

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