Foire & Salon

Museomix Paris : convivial et inabouti

Par Margot Boutges · lejournaldesarts.fr

Le 12 novembre 2013 - 919 mots

PARIS [12.11.13] - Les 150 participants de la troisième édition de Museomix se sont rassemblés au Musée des Arts décoratifs du 8 au 10 novembre pour imaginer des dispositifs de médiation innovants. Un événement stimulant mais chaotique dont l’impact sur le public reste à déterminer.

Dimanche 10 novembre, 19h. C’est l’heure du bilan pour l’édition 2013 de Museomix. Epuisés mais heureux, les participants, affalés dans des chaises en cartons disséminés dans le salon des boiseries du Musée des Arts Décoratifs, sont invités à prendre la parole pour revenir sur trois jours de course contre la montre.

Effervescence et chaos
Fondé par cinq acteurs des secteurs de l’innovation et des musées, Museomix est un événement annuel qui s’est tenu pour la première fois en 2011 au Musée des Arts décoratifs. Du 8 au 10 novembre 2013, l’institution parisienne a accueilli à nouveau la manifestation qui s’est déroulée en parallèle au Musée Dauphinois de Grenoble, au Musée du Louvre-Lens, au Château des Ducs de Bretagne de Nantes, au Musée des Civilisations de Québec et au Musée Ironbridge en Angleterre.

Aux « Arts déco », ce sont plus de 150 amateurs et professionnels du secteur culturel, tous bénévoles et recrutés par candidatures diffusées via les réseaux sociaux, qui se sont réunis au sein de l’établissement pour créer des prototypes de médiation innovants placés dans les collections. Un chantier financé par un partenariat entre les Arts-déco et la Fondation Bettencourt Schueller pour le développement du numérique, par le soutien technique et logistique de divers partenaires et par une subvention du ministère de la Culture (à hauteur de 13 000 euros pour les quatre musées français).

Retour sur trois jours d’activités ininterrompues (de 8h à minuit) dans les salles du musée retranscrits en simultané sur les réseaux sociaux (twitter, facebook, Instagram, Flickr…) :
Vendredi 8 novembre, les « museomixeurs » visitent les arts déco avec des conservateurs et conférenciers pour découvrir les espaces du site sur lesquels ils vont pouvoir opérer.

Après avoir affiché leurs idées de médiation sur les murs de la bibliothèque des Arts-déco, camp de base de l’événement, les museomixeurs sont invités à se mélanger selon les compétences (historiens de l’art, muséographes, développeurs, graphistes…) et se répartir dans neufs équipes pour concevoir leurs projets.

La samedi 9 novembre est consacré à la fabrication des prototypes. Au sous-sol du Musée, un fabLab met à disposition des outils pilotés par des ordinateurs et encadrés par des conseillers techniques. Julio, bénévole de l’association du Petit fabLab de Paris, manie la découpeuse laser pour graver du carton destiné à fabriquer un meuble miniature reproduisant un coffre en chêne et en fer forgé du XIVe siècle, pièce phare des collections.

Au cours de la journée, les équipes s’étoffent : un traducteur est embarqué dans le projet pour traduire le site internet en anglais après un appel sur Twitter tandis que des proches des museomixeurs viennent en renfort. Ouvert à toutes les collaborations, Museomix et sa structure d’accueil vrombissent telle une ruche.

Installation inachevée
Dimanche 10 novembre, installation des prototypes dans les salles. Pascal, conservateur achevant sa formation à l’Institut National du Patrimoine, va de groupe en groupe pour aiguiller les équipes. Autour du cou, son badge indique qu’il fait figure de « sage », censé orienter sur les bonnes pratiques muséales.

« Quand on rencontre un souci, on cherche des interlocuteurs mais on prend des initiatives sans leur accord car il faut aller le plus vite possible », explique Manu, étudiant à l’Ecole Duperré chargé de coller la signalétique sur le sol pour orienter les visiteurs sur le parcours Museomix. A 15h, tout est censé être fonctionnel pour présenter les prototypes aux visiteurs.

Tandis que les museomixeurs s’affairent sur leurs installations –qui dans la salle des retables, qui dans la salle Majorelle- les gardiens ne cachent pas craindre pour la sécurité des œuvres. « On doit redoubler d’attention, confie une gardienne, auprès des participants de l’événement mais aussi des visiteurs du musée, qui ne comprennent pas forcément pourquoi certains s’approchent aussi près des œuvres et qui peuvent être incités à faire de même ». Le public n’a en effet pas été averti de l’événement par l'institution parisienne. Aux museomixeurs d’expliquer le chantier qui se joue dans les salles pendant les heures d’ouverture pendant que des prospectus de médiation, expliquant les prototypes, sont imprimés en urgence. Malgré une mauvaise coordination évidente entre Muséomix et le Musée des Arts Décoratifs, ce dernier n’en a pas moins décidé de prolonger l’événement jusqu’au 17 novembre au soir. De mardi à dimanche, les prototypes resteront dans les collections, sans les museomixeurs, pourtant chargés d’assurer le suivi technique et la médiation. « On ne sait pas si les dispositifs seront encore fonctionnels », explique Catherine Collin, responsable de la Communication du Musée. Certains ne l’ont jamais été.

A 18h (heure de fermeture du musée), la plupart des neuf prototypes n’étaient pas achevés ou ne fonctionnaient pas. « Cela fait partie du jeu », témoigne Antoine, chargé de communication et museomixeur. « Mais étant donnés les moyens humains engagés, cela peut donner l’impression d’un éléphant qui accouche d’une souris. Le peu de temps qui nous était imparti a rendu l’expérience extrêmement stimulante, mais a parfois mené à des dispositifs inopérants ou pas si innovants que cela ».

Sur Internet, les échanges autour de l’événement sont allés bon train. 7000 tweets concernant Museomix ont circulé. Le public virtuel, amateur d’instantanée et déjà captif, a répondu présent. « Cela reste assez communautaire mais c’est une communauté qui s’agrandit », observe un « Museogeek » revendiqué.

Légendes photos

Installation "PG Museomix", atelier de l'avatar virtuel de l'artiste Pierre Giner
Installation du prototype "Et surtout" par l'équipe Maak qui créé un incendie virtuel auprès du surtout de Napoléon III (1855)
© photos Margot Boutges pour LeJournaldesArts.fr - 10 novembre 2013

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