Le New-York Historical Society fait revivre l’Armory Show de 1913

Par Kate Deimling (Correspondante à New York) · lejournaldesarts.fr

Le 31 octobre 2013 - 482 mots

NEW YORK (ETATS-UNIS) [31.10.13] - Le musée recrée à une échelle réduite la célèbre exposition qui a bouleversé le public américain en lui faisant découvrir l’art moderne français.

Du 17 février au 15 mars 1913, l’International Exhibition de Modern Art, bientôt baptisée l’Armory Show d’après son lieu, l’armory (l’arsenal) du 69e régiment sur l’avenue Lexington, accueille 87 000 visiteurs. Pour marquer son centenaire, le New-York Historical Society a organisé « The Armory Show at 100 : Modernism and Revolution » (jusqu’au 23 février 2014) en réunissant 100 des 1350 œuvres exposées.

L’exposition de 1913 était produite par l’Association of American Painters and Sculptors, fondée fin 1911 pour rivaliser avec la National Academy of Design, que certains artistes américains trouvent ankylosée. A l’origine l’exposition a pour objectif de mettre en valeur l’expression artistique américaine. Mais, s’étant pris d’engouement pour les nouveaux courants européens, son président, Arthur B. Davies, charge l’artiste Walter Kuhn de se rendre en Europe pour faire venir des œuvres des peintres tels que Van Gogh, Matisse, Cézanne, Gauguin, Picabia et Picasso.

Parmi les œuvres phares : Nu descendant un escalier de Marcel Duchamp (que le New York Times compare à « une explosion dans une fabrique de bardeaux ») et la sculpture Mademoiselle Pogany I de Brancusi, qui fait se demander un critique « est-ce une dame ou un œuf ? ». Après avoir vu l’exposition, l’ancien président américain Theodore Roosevelt décrit les cubistes et les futuristes comme une « frange extrémiste ». Les artistes américains ont du mal eux aussi à accepter les nouveaux mouvements européens. La nouvelle tendance américaine, l’Ashcan School, représente le milieu urbain pauvre mais ignore les innovations formelles des peintres français. Son chef de file Robert Henri craint que l’art moderne exposé à l’Armory Show ne freine l’indépendance artistique américaine.

Les curatrices de l’exposition actuelle, Marilyn Satin Kushner et Kimberly Orcutt, n’ont pas essayé de reproduire la structure rigide de l’exposition de 1913, qui obligeait les visiteurs à passer par plusieurs galeries pour finir dans une grande salle où se trouvaient des œuvres de Matisse et des Fauves. Aujourd’hui il n’y a que trois espaces : la première est consacrée à l’art américain et la deuxième à l’art européen. La troisième est plutôt hétéroclite — difficile de dire que viennent faire ici deux tableaux de maîtres hollandais du XVIIe siècle, mais quelques toiles exposées par la National Academy of Design à la même époque montrent le caractère conservateur de celle-ci.

« The Armory Show at 100 » rappelle à quel point les Américains du début du siècle précédent avaient été coupés de l’Europe. Beaucoup de visiteurs découvrent en 1913 non seulement les œuvres de Picasso ou de Duchamp, mais aussi celles de van Gogh ou de Cézanne. C’est à l’Armory Show que le Metropolitan Museum achète la Vue du Domaine Saint-Joseph de Cézanne — la première acquisition d’une œuvre de l’artiste par un musée américain.

Légende photo

Vue de l'exposition de l’Armory Show en 1913 situé au 69e régiment sur l’avenue Lexington à New York - Photo Percy Rainford - 1913

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