David Cerny installe un doigt d’honneur géant face au Château de Prague pour protester contre le gouvernement

Par Julien Rocha · lejournaldesarts.fr

Le 23 octobre 2013 - 465 mots

PRAGUE (REPUBLIQUE-TCHEQUE) [23.10.13] – Le plasticien David Cerny, artiste subversif tchèque, a installé face au Château de Prague, la résidence gouvernementale, une statue monumentale représentant un doigt d’honneur, en réponse au projet politique d’alliance avec le parti communiste.rochas

David Cerny, un sculpteur tchèque connu pour ses œuvres subversives, a installé sur la rivière Vltava, qui traverse Prague, une statue violette et monumentale d’une main faisant un doigt d’honneur. Le majeur, à la taille démesurée, est orienté face au Château de Prague, résidence officielle du président de la République Tchèque.

L’œuvre qui repose sur un ponton flottant, arrimé près du pont Charles, un des hauts lieux touristiques de la ville, est une illustration explicite de l’opinion de l’artiste concernant l’accord du gouvernement de Milos Zeman, ancien membre du parti communiste des années 70, donné au projet d’élaboration d’un cabinet formé d’une coalition entre le Parti social-démocrate de gauche (CSSD) et le parti communiste tchèque (KSCM). « C’est un doigt d’honneur normal destiné à ces p*****s de communistes au Château » aurait affirmé David Cerny.

La statue monumentale est érigée dans un contexte d’élection parlementaire en cours jusqu’au samedi 26 octobre 2013. Ecarté de la vie politique depuis la Révolution de velours de 1989, dans la lignée de la chute des régimes communistes de l’Est européen, le KSCM pourrait ainsi revenir au pouvoir.

Les autorités de Prague ont cependant assuré que la sculpture resterait sur place jusqu’à la fermeture des bureaux de vote. A 45 ans, David Cerny est un des plus célèbres plasticiens contemporains européens, connu pour ses œuvres provocantes alliant souvent satire sociale et politique. En 1991, il a été emprisonné pour avoir peint en rose le char de la place Kinsky Smichov qui commémore la libération de la Tchécoslovaquie par l’Armée rouge en 1945. En 2005, la Belgique et la Pologne ont refusé d’exposer son installation intitulée Shark qui, parodiant Damien Hirst, mettait en scène dans un aquarium en verre rempli de formol un mannequin ligoté aux traits de Saddam Hussein. Il avait aussi alimenté la polémique en 2009 avec Entropa, une œuvre commandée par le gouvernement tchèque pour marquer sa présidence du Conseil de l’Union Européenne, qui présentait dans une cage bleue géante des mobiles à l’effigie des nations européennes affublées d’un symbole censé la caractériser. L’Allemagne notamment portait un réseau d’autoroutes entrecroisées qui évoquait à certains une croix gammée.

Le doigt d’honneur géant de Cerny n’est cependant pas une figure isolée : en 2010, à l’occasion d’une rétrospective de son œuvre organisée par le Palazzo Reale de Milan, le plasticien italien Maurizio Cattelan avait installé devant la Bourse de la ville une statue en marbre de 11 mètres de haut représentant un doigt d’honneur. Fortement décriée par la classe politique italienne, l’œuvre était pourtant restée en place tout le temps de l’exposition.

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