En saisissant la justice new-yorkaise les artistes veulent gagner du temps avant la démolition de 5 Pointz, « la Mecque du graffiti »

Par Alexandra Houël · lejournaldesarts.fr

Le 23 octobre 2013 - 496 mots

NEW YORK (ETATS-UNIS) [23.10.13] – Saisi d’une demande en reconnaissance de copyright sur les graffitis recouvrant les murs du centre d’art 5 Pointz dans le Queens, un juge a prononcé une injonction temporaire suspendant pendant dix jours la démolition du bâtiment qui était imminente afin d’étudier la question.

Les artistes de 5 Pointz célèbrent une maigre victoire. Un juge a prononcé le 17 octobre 2013 une injonction temporaire à l’encontre du projet de démolition de la « Mecque du graffiti », expression consacrée pour désigner le centre d’art 5 Pointz, qui depuis des années est le havre des graffeurs et l’une des plus importantes attractions touristiques du quartier. Ils ont gagné dix jours, avant que la première masse ne s’abatte sur les murs, dans l’hypothèse très probable où le juge les débouterait.

La disparition du lieu devenant imminente, un collectif d’artistes a abattu sa dernière carte, en saisissant la justice le 10 octobre 2013 pour que leur soit consacré un copyright sur leurs graffitis. Si la justice leur attribuait ce droit moral sur leurs oeuvres, ils pourraient faire valoir le droit à leur intégrité et l’opposer au développeur immobilier pour contrer leur destruction.

Conscients que la jurisprudence américaine ne penche pas de leur côté sur ce terrain là, ils en appellent plutôt à la pression publique, et au « buzz » que peut leur apporter la médiatisation de ce procès.

Les artistes auraient également sollicité l’aide de Banksy, mais ce dernier n’aurait pas répondu à l’appel.

Créé dans un bâtiment industriel de près de 20 000 m2 à Long Island City dans le Queens, 5Pointz a vu le jour en 1993, dans le cadre d’un programme visant à éradiquer le « graffiti sauvage » grâce à la mise à disposition d’un emplacement consacré aux graffeurs. En 2002, Jonathan Cohen, un artiste connu sous le nom de « Meres », a pris les rênes du lieu et en est devenu le curateur, en accord avec le propriétaire du bâtiment, la famille Wolkoff. Cette dernière a pendant des années soutenu le travail des artistes, et créé notamment un bureau et un espace de stockage pour les besoins du lieu.

Malgré une collaboration loyale dans le temps, les propriétaires ont finalement décidé de raser le bâtiment afin de faire place à deux imposantes tours de logements, qui doivent être développées par G&M Realty LP suivant un budget de 400 millions de dollars. Sous la pression des artistes, des concessions qualifiées de « stratagèmes marketing » par ces derniers ont été faites, telles que l’ajout au projet immobilier d’espaces additionnels pour des logements abordables, des ateliers d’artistes, ainsi que la promesse de mise à disposition pour les graffeurs de quelques murs sur les nouveaux bâtiments. Ce projet amendé a reçu l’approbation unanime du conseil municipal de New York le 9 octobre 2013. Le lendemain les artistes saisissaient la justice.

Avec la Tour 13 à Paris, deux « temples » du graffiti tomberont peut être à la fin du mois d’octobre.

Légende photo

5 Pointz - Queens, Long Island City, New York - © Photo Patrice78500 - 2008 - Licence CC BY-SA 3.0

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