La « Frise Beethoven » de Gustav Klimt est réclamée par les héritiers de son ancien propriétaire

Par Julien Rocha · lejournaldesarts.fr

Le 17 octobre 2013 - 474 mots

VIENNE (AUTRICHE) [17.10.13] – Les héritiers de l’ancien propriétaire de la « Frise Beethoven » de Gustav Klimt, œuvre monumentale du Musée de la Sécession viennoise, ont déposé une demande de restitution en vertu d’une loi autorisant la rétrocession des propriétés victimes d’interdiction d’exportation.

La Frise Beethoven, interprétation visuelle allégorique de la Neuvième Symphonie de Ludwig van Beethoven par le peintre viennois Gustav Klimt, fait actuellement l’objet d’une demande de restitution par les héritiers de la famille Lederer, ancienne propriétaire. Elle est conservée depuis 1986 au Musée de la Sécession à Vienne.

L’œuvre, de dimensions colossales (34,14 mètres de long sur un peu plus de 2 mètres de haut), avait été créée en 1902 par le chef de file de la Sécession viennoise, Gustav Klimt, pour une exposition éphémère au Palais de la Sécession à Vienne. En 1903, elle fut achetée par le collectionneur Carl Reinighaus, qui la coupa en 7 panneaux de façon à pouvoir la transporter plus aisément. Elle resta néanmoins en dépôt dans une réserve jusqu’en 1915, date à laquelle Carl Reinighaus se décida à la vendre au riche industriel juif et grand mécène de Klimt lui-même, August Lederer.

En 1938, face au durcissement du régime nazi, Lederer dû fuir en Suisse avec sa famille mais sa collection lui fut confisquée. Selon le New York Times, la République d’Autriche naissante consentit à l’issue de la guerre à lever l’interdiction d’exportation des biens culturels pour pouvoir rendre à l’héritier Erich Lederer, résidant en Suisse, la collection familiale, sous réserve qu’il lui vende la Frise Beethoven. L’Agence de presse autrichienne (APA) précise que l’œuvre aurait alors été rachetée 1,1 million d’euros, soit deux fois moins que le prix estimé à l’époque par la maison de ventes Christie’s.

La demande de restitution des héritiers des Lederer intervient alors qu’une loi autrichienne a été votée en 2009 permettant la restitution des propriétés vendues à bas prix pour cause d’interdiction d’exportation. En parallèle, l’Etat autrichien s’est beaucoup investi depuis quinze ans dans le dédommagement des familles spoliées durant le régime nazi. D’après le New York Times, la famille Lederer aurait ainsi pu récupérer en 1999 six œuvres d’Egon Schiele ainsi qu’un tableau de Gentile Bellini qui aurait été utilisé par Erich Lederer comme compensation de la levée des interdictions d’exportations vers la Suisse d’autres éléments de la collection familiale.

Pour l’avocat de la famille Lederer, Marc Weber, « la Frise Beethoven est le meilleur exemple permettant de constater la bonne application de la loi ». Le Musée de la Sécession, pour sa part, a déclaré dans un communiqué de presse adressé à l’APA que l’œuvre « est la propriété de la République d’Autriche, (…) qu’elle a été acquise de manière légitime » et qu’elle se trouve actuellement « à l’endroit pour lequel elle avait été créée », dans le respect de son « contexte historique. »  

Légende photo

Gustave Klimt (1862-1918) - Frise de Beethoven / Les forces du Mal et Les Trois Gorgones (1902) – Conservée à la Galerie Osterreichiches - Destiné au palais de la Sécession en 1902 - source Wikimedia

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