Des archéologues sortent du lac Titicaca en Bolivie un trésor englouti de près de 2 500 objets précolombiens

Par Alexandra Houël · lejournaldesarts.fr

Le 11 octobre 2013 - 527 mots

BOLIVIE / PEROU [11.10.13] - Une équipe d’archéologues-plongeurs a mis à jour un trésor enfoui dans les sédiments du lac Titicaca depuis plusieurs siècles pour certains objets, et plusieurs millénaires pour d’autres. Pas moins de 2 500 objets, parfois intacts, ont pu être repêchés, et apportent ainsi de précieuses informations sur les civilisations précolombiennes de la région.

Une fouille menée conjointement par l’ULB (Université Libre de Bruxelles) et le ministère de la Culture de la Bolivie, et dirigée par l’archéologue belge Christophe Delaere dans les fonds du lac Titicaca en Bolivie a permis de sortir de l’eau un trésor archéologique de plus de 2 500 objets, selon l’agence de presse Belga.

Reposant dans les eaux du lac depuis plusieurs siècles, ils étaient enfouis sous plusieurs couches de sédiments et d’éboulis provenant des reliefs alentours, ce qui a pu favoriser leur conservation. « Les eaux sacrées du Titicaca nous garantissent une conservation et une protection idéales » avait souligné Christophe Delaere avant les débuts de la fouille le 1er juin 2013. « Le mobilier archéologique se conserve quasi intégralement dans deux situations : 0% d’humidité – dans le désert – ou 100% d’humidité – dans l’eau. »

Les conditions de conservation optimales sont atteintes dans ce lac, puisque la température y est constante, et il n’y a ni lumière, ni oxydation. « La conservation idéale de tous ces matériaux va nous permettre d’enrichir les connaissances sur les cultures de l’époque Tiwanaku de manière générale, mais également sur le quotidien des habitants Incas et pré-Incas de la région. »

Des céramiques intactes ont ainsi pu été déblayées, mais aussi des objets manufacturés dans des métaux précieux comme l’or ou le lapis-lazuli. Les archéologues ont également fait des découvertes insoupçonnées, attestant de l’état d’avancement technologique, mais aussi social et commercial des populations de l’époque : maîtrise de la métallurgie et des alliages en des temps bien plus reculés que ce qui était attesté jusqu’à présent, ou présence d’objets manufacturés avec des coquillages ou lapis-lazuli importés d’autres régions d’Amérique du Sud, témoins des échanges commerciaux.

Le site archéologique était déjà connu par les spécialistes, mais c’est la première fois qu’une fouille d’une telle envergure a jamais été réalisée dans ce lac, où quatre des sites détectés présentent notamment des vestiges d’habitats, de canalisations et de terrasses agricoles engloutis. « Les archéologues-plongeurs ont méthodiquement décapé les différentes couches du fond lagunaire lors de deux sondages » avant de pouvoir extraire les pièces, a indiqué le communiqué de l’ULB (Université Libre de Bruxelles). Les archéologues ont dû faire appel à des robots pour sonder les emplacements inaccessibles et dangereux pour les plongeurs.

Il est admis que les civilisations de l’Intermédiaire récent (900-1400), et aussi les Incas, tenaient l’eau en vénération, et particulièrement les lacs, qu’ils considéraient comme leur « lieu d’origine ». Selon les conclusions des archéologues, tous ces objets auraient été déposés dans le lac intentionnellement par une succession de différentes civilisations précolombiennes, sur plusieurs siècles. Un geste certainement témoin des cérémonies d’offrandes qui y avaient lieu, et dont la tradition s’est transmise sur des dizaines de générations. Les spécialistes datent en effet les plus anciens objets du VIe siècle av. J.-C.

Légende photo

Vue du lac Titicaca en Bolivie - © Photo Jean-François Gornet - 2011 - Licence CC BY-SA 2.0

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