Patrimoine

Cité interdite de Beijing : selon certains experts, les méthodes de conservation laissent à désirer

Par Anna Halter · lejournaldesarts.fr

Le 6 août 2013 - 539 mots

BEIJING (CHINE) [06.08.13] – Après la Grande Muraille, la Cité interdite de Beijing est le site le plus connu et le plus visité de Chine. Mais depuis un certain nombre d’années, les méthodes de conservation et de restauration du site historique sont régulièrement remises en cause par les experts.

Siège du pouvoir entre le XVe et le XXe siècle, la Cité interdite abrite des jardins paysagers et de très nombreux bâtiments dont les milliers de salles renferment des œuvres d’art inestimables, témoignages historiques des dynasties des Ming et des Qing.

Après la chute du dernier empereur de la dynastie Ming au début du XXe siècle, la Cité interdite et ses complexes palatiaux (les palais de Beijing et Shenyang) ont été transformés en Palais Musées par l’Etat chinois en 1925. Cette reconversion a permis à la Cité interdite de rester dans son état d’origine et de ne pas disparaître sous l’urbanisme moderne. Les palais de la Cité sont inscrits sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1987 (pour celui de Beijing) et 2004 (Shenyang). Ces dernières années pourtant, de nombreux scandales liés à la conservation et la gestion du site ont été relayés par la presse locale et étrangère.

En 2006 la découverte, un peu tardive et sous estimée, de termites dans une aile du palais avait conduit à des dommages importants. En 2011 un homme était parvenu à dérober neuf boîtes à bijoux au sein même du musée en se faisant enfermer à l’intérieur à la fin des heures d’ouverture au public. En 2011 toujours, une assiette en porcelaine de la dynastie des Song d’une immense valeur avait été « accidentellement » cassée en morceaux. La direction du musée avait tenté d’étouffer l’affaire, en vain. Le journal Global Times avait également rapporté en 2011 une nouvelle entorse de la part de la direction du musée, qui aurait égaré une centaine de manuscrits tout en ayant, une nouvelle fois, essayé de passer l’affaire sous silence.

Aujourd’hui The ArtNews rapporte de nouveaux manquements. Les Jeux Olympiques de Beijing en 2009 ont en effet été l’occasion pour certains experts de découvrir de nouvelles fautes dans les méthodes de conservation déployées par la direction du Palais Musée. Plusieurs exemples de mauvaise gestion de la restauration peuvent être cités : des colonnes auraient été repeintes avec une peinture acrylique contemporaine de couleur rouge pour s’approcher, à moindre coût, de la couleur d’origine ; d’anciennes tuiles de la toiture auraient disparues pour être revendues puis remplacées elles aussi par des versions contemporaines.

Le dernier sujet de controverse concerne la campagne de restauration engagée en 2002 par The New York-based World Monuments Fund . Cet ambitieux projet, conjointement mis en place avec le Palais Musée de la Cité interdite, a pour objectif de restaurer 27 bâtiments et de réhabiliter les jardins construits sous le règne de l’empereur Qianlong au XVIIIe siècle. Le budget avait été établi aux alentours de 25 millions de dollars et la campagne de restauration devait se s’achever en 2019. Pourtant, depuis cinq années déjà, des sections du jardin ont été achevées et rouvertes au public. Certains conservateurs se seraient plaints, dans le cadre de ce partenariat, de la mauvaise volonté de l’équipe du Palais Musée dans l’avancement de la recherche.

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Cité interdite de Beijing - © Photo Charlotte Marillet - 2007 - Licence CC BY 2.0

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