Un petit village d’Espagne au cœur d’un pillage d’antiquités surprenant

Par Alexandra Houël · lejournaldesarts.fr

Le 25 juillet 2013 - 463 mots

ARANDA DE MONCAYO (ESPAGNE) [25.07.13] – A Aranda de Moncayo, une incroyable saisie de quatre mille antiquités pillées cause la stupéfaction. Récoltées à la source par un local, Ricardo de Granada, sur une vingtaine d’années, elles sont issues d’une peuplade celte ibérique qui occupait le territoire il y a deux millénaires. Le maire, profitant de l’occasion pour faire connaître son village et d’y faire venir des touristes, souhaite qu’on y ouvre un musée afin d’exposer ces objets.

Un petit village de deux cents habitants a été le théâtre d’une étonnante découverte par la police espagnole. Ricardo Granada a été arrêté après que la police a découvert, lors de ses perquisitions, plus de 4000 antiquités, vieilles de deux millénaires.

Aranda de Moncayo se trouve tout près du site de Aratikos, une ancienne ville fondée par les celtes ibériques, située au sommet d’une colline. Elle y dominait avant qu’elle ne soit détruite par les romains, et n’est plus aujourd’hui qu’un tas de ruines dans lequel on peut encore repérer les structures de quelques bâtisses.

Le site n’ayant jamais fait l’objet de chantiers de fouilles, Ricardo Granada s’y rendait presque librement avec son détecteur de métal et déterrait les antiquités à l’aide d’outils rudimentaires et d’une pelleteuse, très inappropriés pour ce genre d’opération. Il a mené son entreprise au vu et su des villageois pendant une vingtaine d’années, lesquels d’ailleurs étaient au courant de la richesse de ce site puisqu’ils y trouvaient régulièrement des pièces et fragments de poteries.

Le saccage du site archéologique aurait pu encore durer longtemps si les experts du Musée Central Romain-Germanique de Mayence n’avait pas repéré deux casques en bronze à l’origine douteuse dans une maison de ventes aux enchères en 2008. La vente a été gelée et l’Espagne avertie mais les autorités ne se sont pas mobilisés pour récupérer les objets pillés, ce qui a finalement conduit à leur vente et dispersion. Le New York Times avance que l’Espagne avait déjà dépensé beaucoup de temps et d’argent pour le retour de casques similaires, sans obtenir gain de cause, et ne voulait donc pas connaître les mêmes difficultés.

Néanmoins cette révélation a mené la police espagnole sur une bonne piste, puisqu’elle a pu arrêter le principal instigateur. Selon elle, cet incroyable chantier révèlera à coup sûr lors de l’enquête un réseau international, dont elle mettra un certain temps à venir à bout. « Plus les intermédiaires enquêtés sont nombreux, plus les pistes qui s’ouvriront seront nombreuses », a précisé le capitaine de la Garde Civile qui mène l’enquête.

Rosario Cabrera, la maire du petit village, voit cet incident d’un « bon œil », puisqu’elle espère que des fouilles, légales celles-ci, seront entreprises sur ce site. Elle évoque déjà l’implantation d’un petit musée pour présenter aux futurs touristes les objets ainsi trouvés.

Légende photo

Vue d'ensemble du village d'Aranda de Moncayo en Espagne - © Photo Ecelan - 2011 - Licence CC BY-SA 3.0 

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