L’architecte Manuel Yanowsky porte plainte contre Filippetti et Delanoé

Par Margot Boutges · lejournaldesarts.fr

Le 11 juin 2013 - 519 mots

PARIS [11.06.13] - Mécontent d’avoir été écarté de la construction du bâtiment qu’il avait dessiné pour abriter une église orthodoxe russe en bord de Seine, l’architecte Manuel Yanowsky porte plainte contre Aurélie Filippetti, Bertrand Delanoé, Jean-Michel Wilmotte et la Fédération de Russie.

En janvier 2010, à la suite d’un accord entre Nicolas Sarkozy et Dmitri Medvedev visant à resserrer les liens entre la France et la Russie, la Fédération de Russie avait racheté à l’Etat français -moyennant 70 millions d'euros- l’ancien siège de Météo France sur le Quai Branly à Paris pour y implanter un centre spirituel et culturel orthodoxe russe sur les bords de Seine.

Manuel Yanowsky, architecte espagnol qui avait été choisi en mars 2011 pour dessiner les lignes du bâtiment avant de voir son permis de construire suspendu en novembre 2012, a déposé le 5 juin 2013 plusieurs plaintes : à l’encontre d’Aurélie Filippetti, Ministre de la Culture, pour « abus d’autorité publique » et à l’encontre de Bertrand Delanoé, maire de Paris pour « violation des obligations contractuelles découlant du concours auquel la ville de Paris avait participé ».

Selon maître Louis Fauquet, l’avocat de l’architecte, Manuel Yanowsky reproche à Aurélie Filippetti d’avoir « donné des instructions aux Architectes des bâtiments de France (ABF) et à la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) d'Ile-de-France pour qu'ils rendent des avis négatifs sur la demande de permis de construire » afin de « faire plaisir à son ami Bertrand Delanoé. » (L’Express)

Le maire de Paris - dont l’avis sur le dossier n’est que consultatif - s’était en effet déclaré opposé au projet de Manuel Yanowsky, qualifiant son église orthodoxe de 27 mètres de hauteur surmontée de cinq bulbes dorés -en écho au formes canoniques byzantines- « d’architecture pastiche et médiocre, inadaptée au site classé patrimoine mondial de l’UNESCO».

Bertrand Delanoé avait d’ailleurs fait appel à l’UNESCO pour « garantir la sauvegarde des rives de la Seine ».

Tandis que la DRAC et l’ABF se rangeaient à l’avis du maire de Paris et se déclaraient défavorables au projet, le permis de construire était retiré en novembre 2012 par la Fédération de Russie. Le Ministère de la Culture a contesté avoir délivré toute instruction aux différents acteurs du dossier. Une déclaration contestée par Muriel Genthon, de la DRAC d’Ile-de-France, selon Louis Fauquet interrogé par L’Express.

Jean-Michel Wilmotte et ses associés, arrivés seconds lors du concours international remporté par Yanowsky, avaient été désignés en novembre 2012 par la Fédération de Russie pour redessiner les contours du projet et concevoir, en coopération avec deux architectes russes, un édifice qui s’insérerait plus discrètement dans le paysage urbain où se découpe notamment la silhouette de la Tour Eiffel.

Manuel Yanowsky demande aujourd’hui au juge des référés du tribunal de grande instance (TGI) de « suspendre la résiliation de son contrat que vient de lui notifier la Fédération de Russie et Paris et d'interdire à son confrère Jean-Michel Wilmotte [qui a remporté en septembre 2012 le concours du Grand Moscou] d'intervenir sur ce projet. »

L’affaire doit être examinée en référé le 17 juin devant le Tribunal de grande instance (TGI) de Paris.

Légende photo

Maquette du projet de l'église orthodoxe russe et du centre culturel - photo ABTB 

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque