Ventes publiques d’art contemporain : Paris monte le niveau

Par Éléonore Thery · lejournaldesarts.fr

Le 4 juin 2013 - 772 mots

PARIS [04.06.13] - Christie’s et Sotheby’s mettent en première ligne Basquiat et Bacon lors de leurs ventes parisiennes des mardi 4 et mercredi 5 juin, pour des estimations bien supérieures à 2012. Elles espèrent s’inscrire dans le sillage des vacations réussies de Londres et New York.

Paris gagnerait-il du galon pour les ventes d’art contemporain ? Certes, la capitale reste encore très loin des chiffres de Londres ou de New York : alors que la première a connu de très bons résultats en février dernier, la seconde a aligné les records en mai dans une saison historique. Aussi Paris entend bien profiter de ce vent favorable. « La tendance est très bonne pour l’art contemporain » confirme Edmond Francey expert chez Christie’s. Les deux têtes d’affiche parisiennes des maisons anglo-saxonnes, Francis Bacon pour Christie’s et Jean-Michel Basquiat pour Sotheby’s, sont d’ailleurs dignes de grandes ventes londoniennes ou new-yorkaises. Côté vendeurs, il peut être intéressant de proposer ses œuvres à Paris plutôt que de les voir traverser la Manche ou l’Atlantique sans créer l’événement. « Certaines œuvres en highlight à Paris ne l’auraient peut-être pas été à Londres ou New York » explique Edmond Francey.

Christie’s vise 15,7 à 21,5 millions d’euros pour sa vente du soir du 4 juin (45 lots), dépassant nettement son estimation de l’an passé. Vedette de cette vacation, Painting March 1985 de Francis Bacon, (est. 4 à 6 millions d’euros) évoque la trilogie de l’Orestie d’Eschyle, un sujet cher au peintre, dans un tableau où figure une créature saignante dans une cage flottant au-dessus de la mer. L’œuvre est un don de l’artiste à son ami, marchand et critique Jacques Dupin, dont une partie de la collection vient d’être dispersée en mai par la maison de ventes. Second prix le plus haut, l’œuvre monumentale de Joan Mitchell Before, Again III (1985), caractérisée par une explosion de traits de peinture jaune, est estimée 1,5 à 2 millions d’euros. Un portrait de Jackie Kennedy par Andy Warhol, exécuté à partir d’une photo de la first lady à l’enterrement du président assassiné, témoigne de la fascination pour le traitement médiatique de l’événement par l’artiste (est. 500 000-700 000 euros). À côté de cette « série d’œuvres ayant un vrai contexte international », dixit Edmond Francey, figurent des œuvres de l’Ecole de Paris : Rouge et noir de Nicolas de Staël (est. 600 000-800 000 euros), ou une peinture de Pierre Soulages (est. 450 000-650 000). La vente comprend encore des oeuvres de la collection du galeriste Rodolphe Stadler, pionnier dans la reconnaissance des artistes Gutaï, bien représentés avec une œuvre de Kazuo Shiraga de 1961 (est 450 000-650 000). Une sélection plus contemporaine comprend Damien Hirst, Giuseppe Penone ou Anselm Kiefer, dont est proposé Merkaba, estimée 600 000 à 800 000 euros, et acquise auprès de la maison en 2008 pour 517 000 euros hors frais.

Sotheby’s emboîte le pas de Christie’s le 5 juin avec une vente également plus ambitieuse qu’en 2012, et espère un montant identique à sa consoeur (15 à 21 millions d’euros) pour un total moindre de 29 lots. Star de cette vacation, Crown Hotel (Mona Lisa Black Background) de Jean-Michel Basquiat fait apparaître une monumentale figure féminine autour de laquelle gravitent des têtes, symboles ou mots, double référence à la Mona Lisa de Léonard de Vinci et à L’Olympia de Manet. Estimée 5 à 7 millions d’euros, la peinture a été exécutée en 1982, alors que l’artiste, âgé de 22 ans, est le plus jeune invité de la Documenta de Kassel. L’œuvre est vendue par la comtesse Viviane de Witt, ancien commissaire-priseur à Drouot, devenue aujourd’hui femme d’affaires. Au sein de cette collection, se détache un dessin à la mine de plomb de Willem de Kooning de 1952 (est. 400 000-600 000 euros). Sotheby’s compte également sur Les riches fruits de l’erreur de Jean Dubuffet (1963, est. 1 à 1,5 millions d’euros), du cycle de l’Hourloupe, qui connaît sa source dans les dessins tracés pendant les conversations téléphoniques de l’artiste. Est aussi de la partie une toile de Nicolas de Staël, Marseille, (est. 1,2-1,8 millions d’euros) issue de la collection Alex et Elisabeth Lewyt dont Les Pommes de Cézanne sont parties début mai chez Sotheby’s New York pour 41,6 millions de dollars. On recense encore une belle toile de Zao Wou Ki et parmi les œuvres les plus récentes, des sculptures de Jean-Michel Othoniel ou Joana Vasconcelos.

Légende photo

Francis Bacon 1909-1992) - Painting March 1985 (1985) - huile sur toile - Signé, titré et daté 'Painting March 1985 Francis Bacon' (au dos) - 198 x 148 cm - Estimation 4.000.000 / 6.000.000 € - Photo www.christies.com

ART CONTEMPORAIN: Le 4 juin à 19h, Chez Christie’s, 9 avenue Matignon, 75008 Paris - www.christies.com

ART CONTEMPORAIN, Christie’s - Expert : Edmond Francey- Estimation : 15,7-21,5 M€, Nombre de lots : 45

ART CONTEMPORAIN: Le 5 juin à 19h, Chez Sotheby’s, 76 rue du Faubourg Saint-Honoré, 75008 Paris - www.sothebys.com

ART CONTEMPORAIN, Sotheby’s - Expert : Olivier Fau - Estimation : 15-21 M€, Nombre de lots : 29

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