Claude Guéant n’a pas rendu à l’Etat un tableau reçu quand il était ministre

Par Margot Boutges · lejournaldesarts.fr

Le 14 mai 2013 - 354 mots

PARIS [14.05.13] - Une peinture de l’artiste ivoirien James Houra, offerte à Claude Guéant en tant que cadeau diplomatique, a été privatisée par l’ex-ministre alors qu’elle aurait dû revenir à l’Etat.

Un tableau représentant un couple d’africains de profil, accrochée au mur du cabinet d’avocat de Claude Guéant, a attiré l’attention du quotidien ivoirien Le Nouveau Courrier le 10 mai 2013.

Placée derrière l’ex-ministre, invité à se justifier sur la vente déclarée de deux peintures hollandaises du XVIIe siècle en échange d’un virement de 500 000 euros, la toile a été immortalisée le 2 mai 2013 par les caméras de télévision française.

Le Nouveau Courrier a reconnu une œuvre de l’artiste d’Abidjan James Kadjo Houra, offerte en novembre 2011 par le président Alassane Ouattara à Claude Guéant, alors en voyage officiel en Côte d’Ivoire en tant que ministre de l’Intérieur.

L’œuvre n’a pas été remise au Mobilier National, « garde-meuble de la République », quand l’homme politique a quitté ses fonctions. Des dispositions pourtant prévues par une circulaire gouvernementale signée en 2007 par le Premier ministre de Nicolas Sarkozy François Fillon.

« Les cadeaux offerts aux membres du Gouvernement [...] dans le cadre de l'exercice des fonctions gouvernementales, notamment à l'occasion des visites effectuées à l'étranger ou de la réception en France de personnalités étrangères, sont, pour leurs auteurs, la manifestation de la volonté d'honorer la France. C'est donc à l'Etat qu'ils s'adressent, au-delà de la personne du récipiendaire [...] Il est par conséquent normal qu'ils n'entrent pas dans le patrimoine personnel du ministre ou de sa famille».

En 2009, près de 13 % des 185 000 mises en dépôt par les musées nationaux, le Musée national d’art moderne, le Mobilier national, le Fonds national d’art contemporain, le Centre des monuments nationaux et le Manufacture nationale de Sèvres dans les musées ou les administrations (ministères, préfectures…) manquaient à l’appel.

La toile qui orne le mur du cabinet de Claude Guéant constitue-t-elle un emprunt prolongé fait à l’Etat ? N’ayant pas fait l’objet d’une déclaration au Mobilier National qui affirme ne pas avoir reçu de demande d’enregistrement de l’œuvre, elle semble avoir été privatisée par l’ex-ministre.

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