Les pouvoirs publics italiens commencent à se mobiliser après l’inondation du site archéologique de Sybaris

Par Sarah Barry · lejournaldesarts.fr

Le 13 février 2013 - 615 mots

SYBARIS (ITALIE) [13.02.13] – Le 18 janvier 2013, la rupture du barrage du fleuve Crati a entraîné l’inondation du site antique de Sybaris. Le ministre Fabrizio Barca se rend sur place jeudi 14 février afin de constater les dégâts, et confirmer le soutien financier de l’État italien.

Dans la nuit du vendredi 18 au samedi 19 janvier 2013, le site archéologique de Sybaris en Calabre a été recouvert des eaux du Crati, suite à une rupture du barrage installé sur le fleuve. L’accident est probablement dû à d’importantes pluies qui avaient fait grossir le cours d’eau, mais aussi à des défauts d’entretien de ses abords, selon la Repubblica. Maisons, thermes, théâtre, et autres vestiges de trois villes antiques superposées ont disparu sous plusieurs mètres d’eau.

Giovanni Papasso, maire de la commune de Cassano all’Ionio, proche de Sybaris, et la directrice du musée archéologique Sylvana Lappino, se sont immédiatement mobilisés, sollicitant une aide rapide de l’État. En effet, en plus de l’eau du fleuve, c’est de la boue qui s’est répandue dans les ruines de Sybaris ; dans une répétition des fouilles entamées en 1966, des travaux d’assainissement ont été lancés afin de dégager les vestiges avant que la boue ne sèche.

Mais malgré la mise à contribution de toutes les bonnes volontés de la région, un plan d’action avec des mesures concrètes doit être défini, et des fonds mobilisés. Giovanni Papasso a écrit au Président de la République Giorgio Napolitano, et reçu la promesse d’une visite par le ministre de la cohésion territoriale Fabrizio Barca. Ce dernier devrait se rendre sur le site jeudi 14 février 2013, selon une annonce de CN24.

Sybaris est un site archéologique important. La fondation de la première cité se situe vers 720 avant JC, dans le cadre du grand mouvement de colonisation grec en Méditerranée. À son apogée, la cité est connue pour être l’une des plus prospères de Grande-Grèce – nom que les Grecs anciens donnaient aux régions méridionales de la péninsule italienne. Lieu de luxe et de débauche, si l’on en croit la réputation que les Anciens lui font, Sybaris a pour rivale la très noble et très athlétique Crotone à la fin du VIe siècle avant JC. Après avoir vaincu les Sybarites en 510 avant notre ère, les Crotoniates auraient d’ailleurs détourné le fleuve Crati afin de pouvoir circuler sur les ruines de la cité rasée.

Une nouvelle ville est ensuite construite par les Sybarites survivants et leurs descendants sous le nom de Thourioi, vers 443 avant JC. Sous domination athénienne, dans le cadre de la ligue de Délos, le site passe ensuite sous l’hégémonie de Rome, et une troisième cité est fondée vers 193 avant notre ère. Ce sont finalement trois villes différentes qui ont été découvertes dans les années 60 sur le golfe de Tarente, alors que l’emplacement de Sybaris était longtemps demeuré un mystère.

Le musée archéologique de Sybaris, que Fabrizio Barca doit visiter jeudi, abrite les fruits de plus de quarante années de fouilles : mosaïques, bas-reliefs, céramiques, sculptures de bronze, représentations de dieux égyptiens, statuettes de divinités proche orientales… C’est un patrimoine important qui a été mis au jour, et qui reste encore à découvrir.

Le ministre a déjà promis un soutien financier de l’État pour le dégagement du site archéologique. Évoqué lors d’une récente conférence de presse au Palazzo Chigi, un grand projet de réhabilitation des structures culturelles, naturelles et touristiques de l’Italie, soutenu par l’Union européenne, a déjà été lancé sur la base d’un budget total de 681 millions d’euros. 105 millions d’euros doivent aller à la rénovation de Pompéi, et 21 millions d’euros ont été attribués à Sybaris, si l’on en croit le rapport du Corriere della Calabria.

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Site archéologique de Sybaris, Italie - © Photo vittoare - 2011 - Licence CC BY 2.0

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