Politique culturelle - Musée - États-Unis

Grâce à la vente d’un de ses tableaux, le Brooklyn Museum acquiert une œuvre de José Campeche

Par Lucile Pages · lejournaldesarts.fr

Le 26 novembre 2012 - 544 mots

NEW YORK (ETATS-UNIS) [26.11.12] – Le Brooklyn Museum accueille une pièce rare, un portrait de José Campeche, peintre officiel de San Juan au 17e siècle, acquis grâce à la vente d’un tableau de ses collections.

En novembre 2011, le Brooklyn Museum se séparait d’une œuvre de sa collection, Crucifixion by the Romans (1887) de Vasily Vereshchagin, mise en vente chez Christie’s. L’œuvre était partie pour 1,7 millions de livres (2,1 millions d’euros), meilleur prix de la vente. Le musée vient d’annoncer qu’une partie de ces fonds ont permis l’acquisition d’un portrait du peintre portoricain José Campeche (1751-1809), première oeuvre de l’artiste à entrer dans la collection.

Le portrait en question, Doña María de los Dolores Gutiérrez del Mazo y Pérez (1796), est une toile rare de José Campeche. Conservée par les descendants de la famille du peintre, elle n’avait été ni publiée ni exposée au public avant d’être acquise par le Brooklyn Museum le 18 octobre 2012. Son exposition à partir de septembre 2013 devrait contribuer à la découverte ou redécouverte de l’artiste, peintre officiel de San Juan. Malgré une rétrospective au Metropolitan de New York en 1998, Campeche reste encore trop peu connu de l’histoire de l’art.

Né d’un père esclave affranchi et d’une mère espagnole, José Campeche n’était pas destiné à cette carrière. Mais les tâches artisanales (décoration et peinture) que réalisait son père sous ses yeux, ont joué un rôle essentiel dans sa formation. Il perfectionne cependant sa technique au contact du peintre espagnol Luis Paret y Alcazar, en exil à San Juan de 1775 à 1778. De lui il apprendra l’essentiel du style rococo, dont il retient la douce luminosité et les élégantes compositions. Ses compétences en tant qu’urbaniste, dessinateur, musicien et luthier jouent également un rôle important dans l’ascension sociale de l’artiste. Mais l’élément clé pour comprendre Campeche réside dans ses portraits. Contemporain d’une grande époque de changement à San Juan, il s’emploie à portraiturer les aristocrates espagnols de la ville, qui arrivent en grands nombres au 18e siècle. D’une petite ville isolée et calme, San Juan devient dynamique et prospère, centre de la traite négrière en Amérique centrale.

Doña María fait partie de l’aristocratie espagnole venue à Porto Rico pour trouver fortune. Belle-fille d’un sergent major de l’armée espagnole, elle arrive sur l’île en 1790 et pose naturellement pour l’artiste, qui s’est déjà fait connaître pour ses portraits flatteurs dont toute la noblesse raffolait. Pourtant, pour le portrait de la jeune femme, Campeche choisit un intérieur sobre et dépouillé, portant une attention particulière au détail. Un livre dans la main gauche, des lettres de son mari pointées par sa main gauche et une couronne de fleur rappelant délicatement les fleurs du vase posé sur son bureau, Doña María est représentée dans l’intimité de son environnement. Ce changement de composition est représentatif d’un tournant dans la carrière de l’artiste, où le néoclassicisme remplace progressivement le style rococo des premières toiles. José Campeche décède en 1809 à San Juan, laissant derrière lui un large portrait de la société colonialiste espagnole de son époque.

Doña María de los Dolores Gutiérrez del Mazo y Pérez sera dévoilée pour la première fois au Brooklyn Museum à l’occasion de « Behind Closed Doors: Art in the Spanish American Home, 1492-1898 » en septembre 2013.

Légende photo

Jose Campeche (1751-1809) - Doña MarÁ­a Gutiérrez de los Dolores del Mazo y Pérez (ca. 1796) - Huile sur toile - 83 x 66 cm - Brooklyn Museum, don de Lilla Brown.

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