Report de la construction d’une église orthodoxe russe à proximité de la Tour Eiffel

Par Anouk Rijpma · lejournaldesarts.fr

Le 23 novembre 2012 - 563 mots

PARIS [23.11.12] – La Fédération de Russie a retiré mercredi le permis de construire qu’elle avait déposé pour faire construire à proximité de la Tour Eiffel, une église orthodoxe dont le maire de Paris contestait l’architecture. A terme, l’église sera bien érigée, mais le projet sera repensé par l’architecte Jean-Michel Wilmotte.

« En concertation avec les autorités françaises, la Fédération de Russie a pris la décision de demander la suspension provisoire de la demande de permis de construire déposée auparavant », précise en substance le site officiel de l’intendance du président russe. Ce permis déposé par la Fédération de Russie auprès des services de la préfecture de Paris, concerne une église et un centre culturel russe, en lieu et place de l’ancien site de Météo France situé à l’angle de la rue Rapp et du quai Branly face au pont de l’Alma dans le 7e arrondissement. La Russie - alors en concurrence avec l’Arabie Saoudite qui projetait d’y construire une mosquée - avait racheté le terrain de 4245 m2 en mars 2010 pour la somme de 70 millions d’euros.

La raison de ce retrait ? La contestation des riverains. L’architecte espagnol Manuel Nunez Yanowsky avait imaginé une église orthodoxe - alliant des formes architecturales canoniques byzantines à la modernité - surmontée de cinq bulbes dorés, dont le plus grand culminait à 27 mètres, avec au-dessous, une toile ondulée censée faire écho au voile de la Vierge Marie.

En février 2012, le maire de Paris Bertrand Delanoë – bien que son avis ne soit que consultatif sur le dossier, - avait déploré une « architecture pastiche et médiocre », soulignant que seuls des édifices tenant compte de strictes exigences esthétiques – à l’instar du Musée des Arts Premiers ou de l’Institut du Monde Arabe - avaient leur place sur les berges de la Seine, et plus largement dans le « patrimoine de demain ».

D’après Le Figaro daté de mercredi – bien que ces informations n’aient toujours pas été confirmées par l’intéressé - « l’architecte français Jean-Michel Wilmotte ainsi que plusieurs autres architectes ayant participé au concours, vont s’atteler à un nouveau projet ». Ce dernier – qui vient de remporter le concours pour le Grand Moscou avec Antoine Grumbach et Sergei Tkachenko - est bien connu du Kremlin. Le projet en cours – bénéficiant du soutien plein et entier de l’actuel président russe - avait été lancé en 2007 par Nicolas Sarkozy, à la demande de l’ancien patriarche de Moscou Alexis II en visite dans l’hexagone, dans l’intention de renforcer les liens entre les deux nations.

S’il existe déjà une église orthodoxe russe rue Daruc dans le 8e arrondissement à Paris – soit la cathédrale Alexandre Nevsky sous la juridiction du patriarcat de Constantinople - en revanche, le nouvel édifice de la rue Rapp – quant à lui sous la juridiction du patriarcat de Moscou - revêt à cet égard une dimension hautement politique. La quasi-totalité des églises orthodoxes de tradition russe en France ont toujours été affiliées, depuis les années 1920, au premier patriarcat, jugeant le second trop inféodé au régime de Staline. Une manière pour Moscou – désormais loin du communisme – d’œuvrer à sa réconciliation.

Cette décision s’inscrit par ailleurs dans un contexte diplomatique particulier. Le 27 novembre, s’ouvre une semaine franco-russe à Paris, qui comporte une rencontre entre le Premier Ministre français Jean-Marc Ayrault et son homologue russe Medvedev.

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Maquette du projet de l'église orthodoxe russe et du centre culturel - © photo ABTB

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