Une communauté religieuse va en justice pour protéger les cloches de Notre-Dame de Paris

Par Lucile Pages · lejournaldesarts.fr

Le 13 novembre 2012 - 497 mots

RIAUMONT [13.11.12] – La communauté religieuse de Riaumont (Pas-de-Calais) a lancé une action en justice visant à protéger les cloches de Notre-Dame de Paris. Entreposées dans une fonderie normande en attendant leur destruction, elles seront remplacées en février prochain à l’occasion du 850e anniversaire de la cathédrale.

Fondues en 1856, les quatre cloches de la tour nord de Notre-Dame de Paris ont été déposées en février dernier pour être remplacées, d’ici février 2013, par huit nouvelles cloches. Selon l’Association Notre-Dame 2013, les quatre cloches faisaient défaut « par la mauvaise qualité du métal employé […] par leur nombre, par leurs tailles, par leurs qualités acoustiques et défaut par le manque d’harmonie avec le bourdon avec lequel elles n’étaient pas non plus accordées ». Promises à la destruction, elles ont été entreposées à la fonderie Cornille-Havard (Normandie) en charge de la fonte des nouvelles cloches.

Quelques mois plus tard, l’Institut Sainte-Croix de Riaumont, en la personne d’Alain Hocquemiller (père prieur), manifeste son intérêt pour les vieilles cloches, qu’il aimerait acquérir pour la nouvelle église du village. Aidé de l’Observatoire religieux du patrimoine (OPR), la communauté rencontre la DRAC Île-de-France, à qui revient la décision de céder les cloches, propriété de l’État. Il est alors conclu, en juillet, que les cloches seraient déclassées, afin de devenir propriété du nouvel établissement religieux privé de Riaumont, et cédées à hauteur d’un euro symbolique.

L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais la DRAC conditionne alors la cession des cloches à l’accord de l’archevêché de Notre-Dame, qui s’y refuse.

La communauté met en demeure la fonderie Cornille-Havard, le 7 novembre dernier, de renoncer à toute tentative de fonte et dépose une requête de saisie-revendication. Suite à l’autorisation du juge, Alain Hocquemiller, accompagné d’un huissier, s’est rendu sur place pour placer les cloches sous protection judiciaire.

Le père prieur, qui vient de fonder l’Association de sauvegarde du patrimoine religieux et liturgique, s’est dit prêt à invoquer les articles 322-3-1 et 322-4 du Code pénal, pénalisant la destruction d’objets ou mobilier de culte de prison et d’une amende pouvant s’élever à 100 000 euros si les cloches venaient à être détruites.

L’archevêque s’est depuis défendu : « L'Etat pour l'instant n'a pas du tout l'intention de détruire ces cloches » a-t-il déclaré à l’AFP. Et d’ajouter : « Donc elles ne seront données à personnes, elles ne seront détruites en rien, et elles ne seront jamais vendues ». Reste à savoir si elles seront cédées à la communauté de Riaumont.

Mais l’affaire n’est pas si simple, si l’on en croit un proche du dossier, relayé par nos confrères du Figaro : « Pour faire passer la pilule des 2 millions d'euros, demandés aux donateurs, pour fabriquer les nouvelles cloches, l'évêché a tout intérêt à dire que les anciennes ne valent pas un clou ».

Pour l’heure, les nouvelles huit nouvelles cloches de la tour nord et le nouveau bourdon Marie sonneront pour la première fois le 23 mars 2013, à l’occasion de la solennité des Rameaux.

Légende photo

Une des cloches de Notre-Dame de Paris - © Photo Groume - 2012 - Licence CC BY-SA 2.0 

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