L'architecture coloniale de Rangoun est menacée

Par Doriane Lacroix Tsarantanis · lejournaldesarts.fr

Le 13 juillet 2012 - 395 mots

RANGOUN (BIRMANIE) [13.07.12] – Les témoignages architecturaux de la grandeur de l'empire britannique seraient en danger. Pour le maire de Rangoun, Hla Myint, la protection de ces édifices coloniaux doit faire face à des défis techniques et financiers, ainsi qu’à des « défis liés à la réglementation et à la modification de lois ».

Thant Myint Oo, historien et écrivain, est le fondateur de l'association Yangon Heritage Trust, à l’origine de la campagne de conservation visant les bâtiments coloniaux de la ville. Il estime que « la moitié des bâtiments résidentiels de 50 ans ou plus du centre de Rangoun ont été démolis ces dix dernières années ». Abandonnée ou victime de la spéculation immobilière, l’architecture coloniale de Rangoun fait l’objet d’une tentative de sauvetage, à laquelle se joint également le gouvernement. Soe Thein, ministre de l'Industrie, a déclaré à l’AFP: « Nous devons tous protéger le patrimoine de la nation ».

Bien que le gouvernement ait multiplié les réformes depuis un an, des édifices plus que centenaires seraient prêts à s’effondrer. Un grand nombre de ces bâtiments coloniaux a déjà été détruit ces dernières années, mais pour Thant Myint Oo, qui œuvre afin d’obtenir une liste de bâtiments protégés, « il en reste suffisamment pour que Rangoun puisse rester une ville spéciale et unique ». Plus de 180 édifices sont déjà classés, mais ne bénéficiant d'aucune protection, la ville pourrait ressembler « dans cinq ans (…) à n'importe quelle ville asiatique, avec ses gratte-ciels et ses embouteillages ». Parmi ceux-ci figurent la Reserve Bank of India (banque centrale de l'ancien empire britannique), ainsi que le siège du gouvernement colonial, où le général Aung San, héros de l'indépendance et père de l'opposante Aung San Suu Kyi, a été assassiné. Le défi consiste à concilier la protection de cet héritage avec l'explosion de la demande d’espaces de bureaux et d’habitations modernes, tout en prévoyant le sort des habitants de ces bâtisses vieillissantes.

Ces initiatives soulèvent également des remarques divergentes. L'architecte Amelie Chai, dont le cabinet participe au projet, explique que ce qu’elle aime à Rangoun « c'est comment elle a été préservée de manière non artificielle ». Craignant voir disparaître le charme désuet de la ville, elle précise que « certains pensent que c'est terrible parce que plusieurs bâtiments tombent en ruines, mais d'un autre côté, pour moi, c'est ce qui est le plus spécial ».

Légende photo

Quatre soldats de la 14e armée britannique, trois indiens et un anglais, passent en jeep devant la Reserve Bank of Indian à Rangoun en Birmanie.
Le bâtiment de la Reserve Bank of India a été achevé en 1937. Occupé par l'armée japonaise en 1942 puis libéré par les alliés en 1945 - Photo Glenn S. Hensley - 1945 - Licence CC BY-SA 3.0

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