Patrimoine

L’antique port phénicien de Beyrouth a été détruit au profit d’un projet immobilier

Par Lucile Pages · lejournaldesarts.fr

Le 28 juin 2012 - 374 mots

BEYROUTH (LIBAN) – [28.06.12] - Le ministre de la Culture Gaby Layyoun a autorisé mardi la destruction du site archéologique du centre-ville de Beyrouth au profil d’un projet immobilier, a rapporté l’AFP. Un comité d’archéologues libanais et d’experts internationaux a conclu que le site n’avait aucune valeur historique.

Le site de Minet el-Hosn au centre-ville de Beyrouth, qui vient d’être détruit, abritait des cales à bateaux du Ve ou VI siècle, témoins d’un chantier naval phénicien (un peuple antique des actuels Liban, Syrie et Palestine). L’archéologue Martine Francis, qui a déclaré à l’AFP que le site n’avait d’équivalent que le port de Dor à Jaffa en Israël, a affirmé aussi « Je suis dégoûtée, je ne comprends pas comment un site de 3.000 ans peut être pulvérisé en une heure et demie » .

La société civile, représentée par l’APPL (Association pour la Protection du Patrimoine Libanais), avait manifesté son mécontentement vendredi dernier : Libnanews avait traduit leur communiqué de presse. La présidente de l’APPL rappelait que le site avait été enregistré sur l’Inventaire Général des Monuments Classés en 2011 par l’ancien ministre Salim Wardy ; elle précisait aussi qu’un grand nombre d’archéologues et d’experts, locaux et internationaux, avaient alors attesté la singularité du site.

Salim Wardy avait proposé la transformation du site en parc archéologique précise l’AFP mais l’actuel ministre de la Culture, Gaby Layyoun a cependant déclaré que les études menées sous son prédécesseur étaient erronées. Un comité d’archéologues libanais et d’experts internationaux a certifié que le site n’avait aucune valeur historique. « Il n'a aucun rapport avec des cales phéniciennes ». Un militant indépendant a précisé que l’aménagement d’un parking sous-terrain nécessitait la destruction du site phénicien.

Le projet immobilier, Venus Tours, n’aurait eu qu’à changer l’orientation d’une des trois tours, avait affirmé samedi dernier la présidente de l’APPL à l’Orient-le-jour, qui a déjà noté des appels à la mobilisation sur les différents réseaux sociaux. Des photos de la destruction du site circulent, suscitant l’indignation des internautes.

L’AFP précise que les hommes politiques du pays sont complices de la transformation ou destruction de sites archéologiques par les différents projets immobiliers, en essor depuis la fin de la guerre civile en 1990.
La destruction du site a eu lieu mardi 26 juin.

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Beyrouth - © Photo Sadek Radi - 2006 - Licence CC BY 1.0

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