François Hollande devrait conserver l’usage de La Lanterne à Versailles

Par Thomas Bizien · lejournaldesarts.fr

Le 1 juin 2012 - 562 mots

PARIS [01.06.12] – Selon l’AFP, le nouveau président de la République devrait s’inscrire dans les pas de son prédécesseur et conserver pour son usage personnel le pavillon de La Lanterne, situé non loin du château de Versailles. Retour sur un lieu chargé d’histoire.

La Lanterne, son élégante façade, ses communs et sa porte dérobée donnant libre accès nuit et jour au parc du château de Versailles. Un cadre grandiose et protégé du regard qui a longtemps séduit aristocrates, rois et aujourd’hui chefs de l’Etat. Lieu d’une histoire à la fois officielle et anecdotique, intime et flamboyante, La Lanterne est à l'origine un pavillon de chasse. Ce pavillon a été construit en 1787 par le prince de Poix, gouverneur de Versailles et capitaine des chasses, sur un terrain concédé à son père, le comte de Noailles, par le roi Louis XV. En l’absence d’archives, on ignore le nom de ceux qui y ont œuvré. Mais des pistes sont lancées pour savoir d’où il tire son nom. Pour certains il viendrait du lanternon qui couronnait le pavillon de l’ancienne Ménagerie toute proche. D’autres affirment qu’il vient de son orientation plein sud : percées de hautes fenêtres sur ses deux façades, La Lanterne laisse entrer le soleil pendant la plus grande partie du jour, faisant de la lumière qui se répercute sur les nombreux miroirs, une flamme vrombissante.

Saisie à la Révolution, la demeure est rachetée par la Couronne royale en 1818. Louis XVIII en fait une résidence pour les hôtes de marque en visite au Royaume de France, avant qu’elle ne devienne réservée à une élite républicaine. Au cours du XXe siècle, ce pavillon est loué à un milliardaire américain, Gordon Bennett, puis aux ambassadeurs américains en poste à Paris, en espérant ainsi qu'ils restaurent les lieux à leurs frais, ce qui s’est finalement produit.

Un temps, la rumeur court que le général de Gaulle projette de s'y installer. Il n'en est rien, en 1959, le général de Gaulle fait de La Lanterne, « la résidence de villégiature officielle » du chef du gouvernement. Toutefois, Georges Pompidou, qui occupe alors cette fonction, ne veut pas y résider. Il la propose à André Malraux, alors ministre de la Culture, dont l’appartement vient d’être détruit par un attentat de l’OAS. Avec sa compagne Louise de Vilmorin, il y reste sept ans. Durant son bail, l’auteur de La Condition humaine, fait trembler les murs du pavillon : il redécore entièrement les lieux, allant jusqu’à faire appel aux conseils des experts du Mobilier National. Sa fille Clara décrivait cette activité comme « son divertissement de chaque instant ».

Michel Rocard, lors de son passage à Matignon y fait construire piscine et terrain de tennis. De quoi plaire à Lionel Jospin, qui s’y rend fréquemment, avant que Dominique de Villepin, qui y apprécie particulièrement la cave, finisse par l’imiter. Modifiant l’usage institué par le général de Gaule, Nicolas Sarkozy garde dès son entrée en fonction, La Lanterne pour lui. Au grand dam de François Fillon à qui Jean-Pierre Raffarin aurait dit : « tu perds le meilleur du job ». Si les informations de l’AFP sont confirmées, François Hollande entérinerait la mesure de son prédécesseur. Lieu historique, La Lanterne est aussi un lieu symbolique.

Bibliographie

« Un long dimanche à Versailles : la République à la Lanterne » de Patrice Machuret - Le Seuil - 188 pages - 17 euros

Légende photo

Rencontre entre le président François Hollande et le président Barack Obama, dans le bureau ovale de la Maison Blanche - 2012 - Photo Pete Souza

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