Le procès du portraitiste controversé du président sud-africain Jacob Zuma a été ajourné

Par Doriane Lacroix Tsarantanis · lejournaldesarts.fr

Le 25 mai 2012 - 484 mots

JOHANNESBURG (AFRIQUE DU SUD) [25.05.12] – Le Congrès national africain (ANC) poursuivait l’auteur du portrait controversé du président sud-africain devait les tribunaux. Le 24 mai 2012, la juge Fayeeza Kathree-Setiloane a décidé d’ajourner le procès sans fixer de date de reprise.

Directement inspiré d'une célèbre affiche soviétique, le tableau The Spear représentant Jacob Zuma à la manière de Lénine, fait directement référence à la vie sexuelle débridée du président. D’après l’AFP, la Goodman Gallery, galerie privée de Johannesburg exposant l'œuvre en question, a refusé son retrait au nom de la liberté d'expression, malgré les demandes du Congrès national africain. Outragé, l’ANC a intenté une action en référé pour en obtenir le décrochage, considérant l'œuvre comme une insulte au chef de l'Etat, chargée de connotations racistes.

Entre-temps, la galerie a été prise d’assaut par trois personnes qui ont réussi à vandaliser le tableau, en peignant des croix rouges sur la tête et le sexe du personnage, ainsi qu’en barbouillant l’œuvre de peinture noire. L’une d’entre elles a également tenté de tagger le mot Respect sur les murs blancs de la galerie, qui « après avoir reçu de nombreuses menaces d'intimidation » restera « fermée temporairement », tandis le tableau a été enlevé pour être mis « en lieu sûr pendant la procédure judicaire ».

Le parti majoritaire a maintenu sa plainte contre l'artiste, la galerie, et contre un journal qui a publié une reproduction de l'œuvre, et s’est félicité de ce que la juge Fayeeza Kathree Setiloane ait qualifié l'affaire « d'importance nationale et d'intérêt public », fixant l’audience devant la Haute cour de Johannesburg au jeudi 24 mai 2012. La juge a ajouté que l’image était déjà « partout sur internet », s’interrogeant sur les moyens dont devrait user la Cour pour vérifier l'application d'une quelconque interdiction.

Alors qu’à l'extérieur du tribunal bondé quelques centaines de partisans de l'ANC chantaient et dansaient en suivant les débats, le procès a finalement été ajourné, l’audience ayant été interrompue quand l'avocat du parti au pouvoir a éclaté en sanglots : « Les droits de Zuma à la dignité et à la vie privée ont été violés » a déclaré Gcina Malindi, lui-même torturé par les forces de l'apartheid. D’après l’AFP, l’avocat a ajouté que faire référence à l'oppression de l'ancien régime de la minorité blanche l'avait rendu particulièrement émotif.

L’œuvre du plasticien sud-africain Brett Murray était la pièce centrale de l’exposition intitulée Salut au voleur II, faisant allusion aux affaires de corruption qui minent le pouvoir de l'ANC. Elle devait être présentée jusqu'au 16 juin 2012. L’artiste y détourne les symboles et slogans du parti qui a libéré l'Afrique du Sud de l'apartheid, tout en jouant avec les canons du réalisme socialiste. Le titre du tableau fait quant à lui référence à l'arme traditionnelle des guerriers zoulous, ainsi qu’à la lance du logo de l'ANC, dont la branche militaire s'appelait Umkhonto weSizwe (ou Lance de la nation).

Légende photo

Jacob Zuma - Ancien Vice-président du Sudafrica - source Wikipedia

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