A Rennes, l'exposition « Boire » s'attaque au cliché du Breton alcoolique

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 31 décembre 2015 - 474 mots

RENNES (BRETAGNE) [31.12.15] - Non, les Bretons ne sont pas des ivrognes. Jusqu'au 30 avril, le musée de Bretagne accueille à Rennes l'exposition \"Boire\", qui propose de revisiter la boisson dans une région où perdurent stéréotypes et représentations du buveur.

L'exposition retrace l'histoire de la boisson et son évolution à travers les âges, avec un constat: en Bretagne comme ailleurs, la consommation d'alcool n'a pas toujours été réprouvée.

Vers le milieu du XXe siècle, des publicités mettent en avant les bienfaits de la consommation d'alcool, comme cette affiche encourageant les femmes à boire de la bière afin de mieux allaiter bébé. "La bière est nourrissante", proclame l'affiche.

Afin d'expliquer le mythe de l'alcoolisme en Bretagne, "Boire" se déroule en quatre parties qui correspondent aux quatre raisons de boire: "Boire est un combat" évoque les enjeux liés à l'accès à l'eau, "A votre santé" traite l'acte de boire du point de vue social, "A votre bon goût" évoque ce que l'on entend par bon ou mauvais, et "Boire et déboires" retrace les croyances et l'imaginaire collectif.

Pour Hélène Audrain, commissaire scientifique adjointe de l'exposition, les Bretons sont encore victimes d'un stéréotype né pendant la première moitié du XIXe siècle, même s'il y a un fond de vérité derrière la légende: "La baisse du prix de la boisson et l'augmentation du pouvoir d'achat ont fait augmenter la consommation d'alcool en Bretagne. Jusqu'en 1980, le taux de mortalité dû à l'alcool était le plus fort de France. Désormais, les Bretons sont huitièmes", précise-t-elle.

- Humaniser la boisson -

Selon une enquête du ministère de la Santé de février 2015, les régions Nord-Pas-de-Calais et Languedoc-Roussillon arrivent désormais en tête de la consommation de boissons alcoolisées.

Pour Olivier Nézet, chargé d'études à l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies, "les régions de la façade atlantique ont des profils de consommation particuliers, avec un usage de tabac et d'alcool plus important que la moyenne, en partie lié à un héritage culturel".

Boire est un fait de société qui touche toutes les classes sociales, même si, pour Olivier Nézet, "la consommation quotidienne d'alcool touche davantage les classes moins favorisées". Selon lui, l'alcoolisation a évolué: "On note une modification des comportements parmi les jeunes, une diminution de l'usage régulier d'alcool mais une augmentation ponctuelle et excessive en hausse".

A travers les oeuvres picturales, les objets du quotidien ou les affiches publicitaires, l'exposition met en lumière l'ivresse créative à travers des figures comme le capitaine Haddock, connu pour son goût pour le whisky, et interroge le visiteur sur sa perception de la consommation de boisson, apportant des éléments de réponse sans moralisation.

Au-delà de la consommation, boire est un moyen de sociabilité. L'exposition a voulu humaniser la boisson "et démontrer l'importance des bistrots dans la société", rappelle Mme Audrain, qui rappelle que, dans les campagnes françaises, "un bar ferme tous les deux jours".

Légende photo

Entrée des Champs Libres à Rennes © Photo Pymouss - 2008 - Licence CC BY-SA 1.0 

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque