Galerie - Livre

ÉDITION, LIBRAIRIE

Quand les galeries ouvrent des librairies

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 13 octobre 2021 - 524 mots

Revitalisant une tradition historique, les galeries sont de plus en plus nombreuses à ouvrir un espace dévolu à la vente de livres d’art, en complément de leur activité d’édition.

Paris. En 2017 s’ouvraient dans le Marais, à quelques semaines d’intervalle, la Librairie Marian Goodman (66, rue du Temple) et le nouvel espace de la librairie Yvon Lambert, au 14, rue des Filles-du-Calvaire (Dominique PerraultArchitecture). Dans les deux cas, la librairie donne sur rue, devant la galerie aménagée à l’arrière-fond, tandis que l’édition de livres est une passion du fondateur. Marian Goodman, avant d’ouvrir sa première galerie à New York en 1977, avait en effet tenu une maison d’édition consacrée aux multiples, tandis que l’activité d’éditeur et de libraire d’Yvon Lambert a longtemps été étroitement associée à la galerie du même nom, avant sa fermeture en 2014.

Ils ne sont pas les premiers à avoir cette triple casquette d’éditeur, de libraire et de galeriste. Florence Loewy, elle aussi éditrice, libraire spécialisée dans le livre d’artiste depuis 1989, a inauguré en 2001 au 9, rue de Thorigny une librairie-galerie (conçue par Kakob+MacFarlane) dont les deux espaces sont perméables, tandis qu’Emmanuel Perrotin a ouvert en 2011 rue de Turenne un bookstore distinct de la galerie mais partageant la même cour intérieure.

Succès des librairies d’art

De l’une à l’autre, les superficies varient de 70 à 200 m2, les atmosphères et les choix diffèrent car ils sont indissociables des artistes que l’enseigne représente et des ouvrages ou multiples qu’ils éditent. Excepté pour la librairie Yvon Lambert, dont l’assortiment est très large. C’est justement leurs différences, entre elles mais aussi avec les librairies d’art ou de musées, qui font l’attrait et le succès de ces lieux auprès d’une clientèle d’habitués, mais pas seulement. La Librairie Marian Goodman peut être vue comme une annexe de l’enseigne avec son espace d’exposition particulier faisant écho – ou non – à l’exposition en cours à la galerie. Pourtant elle draine par sa vitrine sur rue et la grande variété de son offre un public souvent plus jeune, mais surtout autre que celui qui pousse la porte cochère de l’hôtel particulier où se loge une galerie à l’abord bien plus impressionnant. Pour ce type de galerie, la création d’une librairie en propre permet aussi de donner une plus grande visibilité aux catalogues d’exposition ou monographies des artistes qu’elle représente, comme aux éditions rares ou portfolios numérotés, voire aux objets originaux (multiples) conçus par eux. Elle accroît ainsi leur diffusion en les présentant aux côtés de biographies, récits ou essais de référence qui élargissent l’offre.

L’activité de libraire est-elle pour autant rentable ? « Elle l’est, si on a cette triple activité », précise Ève Lambert (Librairie Yvon Lambert). C’est pendant la période des fêtes de fin d’année que le secteur librairie et édition enregistre son pic de ventes. Ajoutons que, durant le premier confinement et la fermeture des commerces dits « non essentiels », les commandes passées sur les sites Internet de ces lieux ont été florissantes, au point que la réintégration fin novembre 2020 des librairies dans la catégorie des commerces « essentiels » a conduit certaines galeries à transformer temporairement leur espace en librairie, à l’exemple de Loeve&Co.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°575 du 15 octobre 2021, avec le titre suivant : Quand les galeries ouvrent des librairies

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