Restauration

Versailles fait salon

Restauration du plafond dédié à Mercure

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 29 août 2003 - 654 mots

VERSAILLES

Alors que la présidence de l’établissement public du Musée et du domaine national de Versailles vient d’être confiée à Christine Albanel, le plafond du salon des Nobles, antichambre du Grand Appartement de la Reine, est en passe d’être entièrement restauré. L’équipe met tout en œuvre pour restituer aux voussures peintes par Michel II Corneille (1642-1708), aux stucs et aux écoinçons, leur authenticité originelle, tout en facilitant d’éventuelles interventions futures.

VERSAILLES - Dans le panneau central, l’artiste a représenté Mercure avec l’Éloquence, la Poésie, la Géométrie et les Sciences, tandis que les voussures montrent des héroïnes de l’Antiquité : Pénélope tissant, Aspasie dissertant avec des philosophes, Sapho jouant de la lyre et Lala (ou Laia) de Cyzique peignant... Commandée vers 1671 à Michel II Corneille (1642-1708), et mises en place dix ans plus tard, ces peintures ornent le plafond du salon Mercure, ou salon des Nobles, au château de Versailles. Après avoir été altérées par le temps et par les différentes retouches dont elles ont fait l’objet au fil des siècles, elles sont aujourd’hui en passe d’être entièrement restaurées. Conduite par la conservation du musée national du château de Versailles, en collaboration avec le Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF), l’opération a coûté 230 000 euros, bénéficiant, pour ce, du mécénat de la Fondation BNP-Paribas. Ayant débuté en novembre 2002, la restauration doit s’achever en septembre. Un délai relativement court pour l’équipe des onze restaurateurs qui a dû composer avec les différents états de conservation des peintures et les repeints effectués sur les œuvres premières. Tout d’abord, elle a dû déterminer l’état de la couche picturale originelle, afin de pouvoir envisager le dégagement des repeints. Pour Mercure entouré des Sciences et des Arts, figure qui comporte les repeints les plus importants, il a fallu faire un compromis et conserver certaines reconstitutions du XIXe siècle. Pour la voussure représentant Pénélope (quasi entièrement retouchée elle aussi), les anciens rajouts de 1814 ont également dû être maintenus, faute d’éléments originels suffisants. “L’objectif était de retrouver la cohérence de ce décor, puisque les peintures de ce plafond ont été l’objet d’une commande unique faite à un seul artiste. Mais on ne pourra pas retrouver un état XVIIe parfait. Il a fallu faire des choix”, précise Nicolas Milovanovic, conservateur au Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.

Un profond souci de réversibilité
Outre les repeints, un encrassement général, des vernis oxydés et un manque d’adhérence allant parfois jusqu’au décollement de la toile altéraient profondément l’ensemble. À moitié décollée, la voussure figurant Aspasie a été déposée puis marouflée sur un support en aluminium et liège, facilitant un éventuel déplacement dans les décennies voire les siècles à venir. “Nous fonctionnons aujourd’hui dans un profond souci de réversibilité. Notre travail prend en compte les conservations futures”, explique la restauratrice Claire Bereaud. Pour Sapho, la couche picturale a été démontée par morceaux ; les vernis grossiers et repeints ont été supprimés, et la surface a ensuite pu être restaurée et retouchée. Réalisés d’après les dessins de Charles Le Brun, les stucs – des groupes sculptés figurant des Amours s’adonnant à des activités de commerce ou d’art – ont fait l’objet d’une intervention de moindre envergure : ils ont été nettoyés mais non redorés. Peints directement à l’huile sur enduit et reprenant des sujets allégoriques telles l’Étude, la Diligence ou l’Académie, les écoinçons, dans un relativement bon état de conservation, ont fait, eux aussi, l’objet d’une restauration légère. À ces travaux devraient succéder le chantier colossal de la restauration de la galerie des Glaces (lire le JdA n° 165, 21 février 2003), estimée à 10 millions d’euros et qui devrait s’achever en 2008. Lancés sous l’impulsion d’Hubert Astier, ces importantes campagnes de restauration, ainsi que des travaux pour les lieux d’accueil les publics, doivent se poursuivre avec le nouveau président de l’établissement public du Musée et du domaine national de Versailles : Christine Albanel, nommée le 8 juillet.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°175 du 29 août 2003, avec le titre suivant : Versailles fait salon

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