Coupe du monde de football

Un Rio culturel en berne

Les difficultés financières nuisent aux ambitieux projets culturels de Rio de Janeiro, au Brésil, pour le Mondial 2014

Le Journal des Arts

Le 28 mars 2011 - 670 mots

En marge de la Coupe du monde de football et des Jeux olympiques qu’elle va accueillir, Rio de Janeiro, au Brésil, devrait se doter de musées aux architectures spectaculaires, dont le Museu de arte do Rio, par Jacobsen et Bernardes. Mais des finances publiques en berne laissent ces ambitieux chantiers s’enliser. Ils pourraient ne pas être prêts pour 2014.

RIO DE JANEIRO - Alors que les préparatifs pour la Coupe du monde de football 2014 et les Jeux olympiques de 2016 focalisent l’attention internationale sur Rio de Janeiro, au Brésil, la scène culturelle locale s’active autour des projets de nouveaux musées spectaculaires. Ces chantiers devraient être achevés d’ici à 2014, mais, étant donné les incertitudes financières et les lenteurs administratives, il est à craindre qu’ils ne soient tous prêts à temps. La salle de concert de la ville, la Cidade da Música, aurait dû être construite en deux ans. Or, dix ans après la pose de la première pierre, elle demeure inachevée et son coût est passé de 34 à 216 millions d’euros.

La construction du Museu de Arte do Rio dans la zone portuaire, à l’emplacement d’une ancienne gare routière et d’un hôpital, est en revanche bien avancée ; sa façade devrait être dévoilée ce mois-ci. Le travail sur les fondations du Museu da Imagem e do Som, institution dédiée au cinéma, à la photographie et à la musique, qui surplombe la plage de Copacabana, a également commencé. Un musée des sciences, envisagé pour un montant de 55 millions d’euros par l’architecte Santiago Calatrava, devrait s’élever sur le site initialement choisi pour accueillir le Guggenheim Rio avant que le projet de Jean Nouvel ne soit abandonné. Un musée consacré à la bossa-nova est également à l’étude dans le quartier d’Ipanema.

Les architectes du Museu de Arte do Rio, Paulo Jacobsen et Thiago Bernardes, affirment qu’ils n’ont pas reçu les subventions nécessaires à l’achèvement des travaux, chiffrés à 20 millions d’euros. « Le bâtiment partait en miettes, l’intégralité de la structure est en cours de consolidation », indique Paulo Jacobsen. Il évoque à ce sujet une « lutte incessante avec la Ville », qui « tente de faire baisser les prix, alors qu’en tant qu’architectes [ils] essai[ent] de porter au mieux [leur] projet ». La Fondation Roberto Marinho, créée par la famille propriétaire de la plus grande chaîne de télévision du pays, de plusieurs journaux et sites Internet d’information, essaie d’assurer le financement de ce projet ainsi que d’autres portés par la Ville et l’État de Rio. Leonel Kaz, actuel conservateur au Musée du football de São Paulo, devrait être nommé conservateur de ce futur musée. Si l’institution est dépourvue de collection, elle entend organiser ses expositions temporaires grâce aux prêts de collectionneurs privés de la ville. 

Un trou béant
Un conflit financier similaire oppose la municipalité à la direction du Museu da Imagem e do Som : les deux parties ne parviennent à s’entendre ni sur le budget ni sur le calendrier des travaux. Le coût du bâtiment dessiné par Diller Scofidio Renfro, initialement estimé à 30 millions d’euros, a été revu à la hausse. Et le chantier se résume, pour l’instant, à un trou béant creusé sur le front de mer de Copacabana, là où se tenait auparavant une boîte de nuit de piètre réputation, rasée pour y construire le musée.

Le Museu Nacional de Belas Artes, qui abrite une collection exhaustive d’art brésilien, est le plus durement touché. Plus de cinq ans après l’inondation qui l’a en partie dévasté, l’établissement vient tout juste de recevoir les fonds destinés à restaurer ses salles. Le projet d’extension, qui permettrait de mieux valoriser les 22 000 pièces de la collection, a été reporté sine die. « Nous étouffons dans les espaces dont nous disposons actuellement », déplore la directrice du musée, Mônica Xexéo. Mais avant d’envisager tout agrandissement, celle-ci doit trouver 3 millions d’euros pour réparer l’une des coupoles qui couronnent l’édifice. Par ailleurs, de nombreuses salles de ce bâtiment du début du XXe siècle sont actuellement fermées au public.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°344 du 1 avril 2011, avec le titre suivant : Un Rio culturel en berne

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