Extension

Un musée au cœur d’Angers

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 11 juin 2004 - 706 mots

Le Musée des beaux-arts de la ville a été entièrement rénové et agrandi de 4 000 mètres carrés. Une exposition de Niki de Saint Phalle inaugure les lieux.

ANGERS - Le 19 juin, le Musée des beaux-arts d’Angers rouvrira ses portes au public après cinq années de travaux. Plus de 33 millions d’euros et l’intervention d’une vingtaine de corps de métier ont été nécessaires pour rénover et réaménager le logis Barrault, ancien hôtel particulier qui abrite l’institution depuis 1805. Édifié au XVe siècle, le bâtiment a subi d’importantes transformations et extensions au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles. Ce mélange des époques représentait une véritable gageure pour les architectes chargés de la réhabilitation : Gabor Mester de Parajd, architecte en chef des Monuments historiques, responsable du patrimoine classé du logis Barrault, et Antoine Stinco – à qui l’on doit notamment la rénovation du Jeu de paume à Paris –, chargé des parties les plus récentes et des extensions. « Notre ambition était de valoriser l’identité de chaque époque et de mettre en harmonie l’ensemble des bâtiments », précise Gabor Mester de Parajd. Pari réussi : les deux confrères ont su tirer profit du lieu et marier habilement les espaces anciens aux parties contemporaines. De chaque salle se dégage une atmosphère singulière avec différents éclairages et des cimaises aux couleurs variées. Grande réussite architecturale, le « cabinet suspendu » (qui accueille actuellement les toiles de petit format du XIXe siècle) est une vaste dalle de béton reliée au plafond par des câbles. « C’est cette prouesse technique qui a séduit le jury, explique Patrick Le Nouëne, directeur et conservateur en chef des musées d’Angers. Non seulement Stinco et Mester de Parajd ont totalement respecté les lieux sans chercher à imposer leur point de vue, mais leurs projets correspondaient parfaitement à la conception générale de l’établissement. Il s’agissait de se réapproprier ce musée jusque-là confiné dans de petits espaces et de l’ouvrir sur la ville, d’en faire un lieu de passage. »

L’entrée principale s’effectue désormais place Saint-Éloi, le musée étant aussi accessible depuis le jardin (côté boulevard du Roi-René). Le bâtiment se déploie sur 7 000 m2, soit 4 000 m2 supplémentaire répartis entre les collections permanentes, un nouvel espace en sous-sol pour les expositions temporaires, les lieux d’accueil du public avec auditorium, salle vidéo, boutique et cafétéria, ainsi que les réserves installées dans un nouveau bâtiment moderne fermant la cour du logis. D’apparence quelque peu ingrate, cette construction a le mérite de garantir des conditions optimales de conservation. À l’occasion des travaux, une importante campagne de restauration a d’ailleurs été menée sur les œuvres du musée pour plus de 1 million d’euros.

Ouverture haute en couleur
Les collections sont réparties selon deux parcours distincts : la partie historique d’une part, conçue autour des vestiges de l’ancien Musée d’antiquités et des fouilles réalisées à Angers, et les espaces consacrés aux beaux-arts d’autre part. Ces derniers offrent un bel aperçu des différents courants artistiques du XIVe au XXe siècle en faisant la part belle à la peinture : primitifs flamands, français et italiens du XIVe siècle, écoles européennes des XVIe et XVIIe, tableaux de la première moitié du XIXe et créations plus récentes signées Morellet ou Garouste. Le musée souhaite organiser chaque année six expositions temporaires, dévolues à l’art moderne ou contemporain, au patrimoine et aux arts graphiques dans le petit cabinet qui leur est réservé. Pour l’heure, c’est Niki de Saint Phalle qui inaugure les réjouissances. Provenant essentiellement de la donation de l’artiste (décédée en 2002) au Musée d’art moderne et d’art contemporain de Nice, les Nanas et créations monumentales prendront possession des lieux, depuis les espaces d’expositions temporaires jusqu’au jardin. Une ouverture haute en couleur, donc, pour ce musée s’inscrivant dans un plan global d’urbanisme qui vise à créer un « trait d’union » entre le château – le site le plus touristique d’Angers – et le centre-ville.

Musée des beaux-arts d’Angers

14 rue du Musée, 49100 Angers, tél. 02 41 05 38 37, tlj 10h-19h et 21h le vendredi. Catalogue, Patrick Le Nouëne (sous la direction de), Chefs-d’œuvre du Musée des beaux-arts d’Angers, éditions Somogy, 112 p., 20 euros. Exposition inaugurale : « Niki de Saint Phalle (1930-2002), des assemblages aux œuvres monumentales », jusqu’au 19 septembre.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°195 du 11 juin 2004, avec le titre suivant : Un musée au cœur d’Angers

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