Un buste du sculpteur florentin Donatello authentifié en Slovaquie

Un buste qui avait appartenu pendant des siècles à la famille noble Czáky et qui avait été laissé dans leur manoir, devenu après la Seconde Guerre mondiale un centre de rééducation pour jeunes filles à Levoča en Slovaquie, y était traité comme un jouet, roulé sur le sol et même maquillé. En 1975, il a été transféré au Musée local de Spiš, où il a été catalogué comme une imitation du XIXe siècle et mis en réserve.

L'inscription « Opus Donatello » sur le socle, qui figure sur des œuvres du sculpteur florentin de la Renaissance Donatello (1386-1466), a toutefois incité la directrice du musée de Spiš, Mária Novotná, à remettre en question l'attribution de l'œuvre et à supposer qu'il puisse finalement s'agir d'une œuvre authentique du sculpteur.

Mária Novotná a donc envoyé la sculpture à l'Académie slovaque des sciences (SAS) à Bratislava pour qu'elle soit examinée de plus près par l'historienne de l'art Marta Herucova, qui a également consulté le Dr Giovanni Serafini (*) de l’Opera del Duomo à Florence. Les experts ont comparé le buste avec d'autres œuvres connues de l'artiste, dont la pierre tombale de l'antipape Jean XXIII au baptistère de Florence, et tous ont été convaincus (*) de l'authenticité de l'œuvre, selon le Slovak Spectator.

Le buste du XVe siècle, qui représenterait la noble italienne Cecilia Gonzaga (1426-1451), est probablement arrivé en Slovaquie en raison des liens remontant au XVIIe siècle entre les Gonzague de Mantoue et la famille Csáky, les anciens propriétaires de l'œuvre, bien que la chronologie exacte du transfert ne soit pas encore claire.
La sculpture n'est actuellement pas accessible au public. Les médias slovaques se sont notamment interrogés sur la capacité du musée local de Spiš à bien conserver l'œuvre - dont l'avenir reste incertain, notamment après le récent limogeage inexpliqué de la directrice du musée.

La Slovaquie connaît actuellement une réorganisation de son paysage culturel par le Premier ministre conservateur Roberto Fico, de retour au pouvoir depuis 2023, et la ministre de la Culture nationaliste Martina Šimkovičová, qui s'est engagée à « défendre les valeurs traditionnelles » de la Slovaquie et n'hésite pas à renvoyer quiconque les enfreint : c'est le cas d'Alexandra Kusà, l'ancienne directrice de la Galerie nationale slovaque, qui a été évincée en 2024 après dix ans de mandat suite à des reproches d'activisme politique.