Musée

Un bourg limousin réclame au MET de New York le retour de « son reliquaire »

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 12 janvier 2018 - 414 mots

SAINT-YRIEIX-LA-PERCHE

Saint-Yrieix-La-Perche, petite commune de Haute-Vienne, réclame la restitution d'un reliquaire du XIIIe siècle conservé depuis plus de cent ans par le Metropolitan Museum of Art (MET) de New York, et dont elle affirme être le "seul propriétaire".

Le buste de Saint Yrieix, actuellement exposé au Metropolitan Museum of Art (MET) de New York
Le buste de Saint Yrieix, actuellement exposé au Metropolitan Museum of Art (MET) de New York
Photo Source

La mairie a officiellement demandé par courrier au MET, mardi 10 janvier, la restitution de ce reliquaire, un buste d'or et d'argent incrusté de pierres précieuses censé avoir contenu les ossements du crâne de Saint Yrieix également connu comme Saint Aredius, a-t-on appris auprès de cette ville de quelque 7 000 habitants. L'original de la précieuse châsse est "exposé de manière permanente depuis 1907 à New York" tandis qu'une copie est conservée à la collégiale Saint-Yrieix.

Ce buste du fondateur au VIe siècle du monastère de Saint-Yrieix a été reconnu comme étant une copie exécutée au tournant du siècle dernier par un sculpteur-orfèvre londonien, à la demande d'un marchand d'art anglais, Joseph Duveen. L'original daté du XIIIe siècle aurait quitté Saint-Yrieix en 1906, cédé par les religieux qui en avaient la garde au sein de la collégiale. Or la commune en était "le seul et légitime propriétaire", affirme les services de la ville.

Le célèbre banquier d'affaires et amateur d'art américain JP Morgan l'aurait acquise avant qu'en 1917, ses héritiers joignent le précieux reliquaire à leurs diverses donations au MET de New York. A l'époque, le musée "ne vérifie pas la provenance du reliquaire, et personne ne se rend compte de la substitution. Il faudra attendre la fin des années 1950 et le voyage d'un Arédien, Antoine de la Tour, stupéfait de reconnaître lors de sa visite au MET le reliquaire de sa ville limousine pour démasquer la supercherie", affirment les responsables municipaux du patrimoine. Ce n'est qu'en 1962 que les Monuments historiques constatent officiellement la substitution du reliquaire qui figure pourtant à leur inventaire depuis 1891.

En 2015, la municipalité décide de récupérer "son reliquaire" et demande l'appui du ministère de la Culture dans cette démarche. Qualifié de "trésor national" par Judith Kagan, conservatrice au Bureau de la conservation du patrimoine mobilier et instrumental, le buste d'Arédius a, affirme-t-elle, été soustrait de manière "illicite". Selon cette experte, la commune de Saint-Yrieix reste en effet le propriétaire légitime de ce mobilier culturel "inaliénable". Un argument que la mairie fait valoir pour récupérer la pièce, dans sa lettre envoyée au MET. La commune espère un accord "à l'amiable" avec le musée new-yorkais, mais "s'il refuse, la ville, qui est dans son bon droit, pourra engager une action civile", prévient-elle.

Cet article a été publié par l’AFP le 11 janvier 2018.

Thématiques

Tous les articles dans Patrimoine

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque