Trésors des Marquises : voyage au bout de la nuit

Le Journal des Arts

Le 1 janvier 1996 - 336 mots

Les expositions consacrées aux îles Marquises sont si rares dans le monde que celle organisée par le Musée de l’Homme – à l’occasion du 400e anniversaire de leur découverte par Alvaro de Mendana – devait être un événement. Que nenni, les objets marquisisens sont beaux et précieux, le Musée a donc décidé de les exposer tout en les dissimulant, une performance.

PARIS - Accéder à l’exposition ressemble à un jeu de piste, au cours duquel, en l’absence de toute signalétique, escaliers et couloirs obscurs se succèdent. Le visiteur entreprend un voyage surréaliste dans un labyrinthe, où se mêlent une femme indienne en carton pâte, à demi nue, qui semble l’implorer de ne pas l’abandonner, des objets précolombiens qui lui sautent au visage, et des Indiens montagnais du Québec prêts à lui décocher le harpon leur brûlant les doigts.

Au hasard de ce dédale, les Trésors des îles Marquises gisent le long d’un couloir d’une dizaine de mètres, dans une quasi-obscurité. Bien serrés, s’entassent des tiki, un habitat traditionnel reconstitué, des objets dans des vitrines qui rappellent l’aquarium du sous-sol du MAAO.

Les créations marquisiennes sont magnifiques, et la plupart de couleur sombre car sculptées soit dans une roche basaltique soit dans un bois qui a séjourné longtemps dans la vase d’une tarodière, comme c’était l’usage. Il a donc été décidé de les cacher en les disposant sur un fond très noir, imitant les pavés des me’ae, les lieux sacrés réservés aux chefs et aux prêtres inspirés.

Alors que la culture marquisienne exalte la joie, l’érotisme, la lumière et la vie, au Musée de l’Homme, elle n’est qu’obscurité et tristesse.
Le travail considérable des deux commissaires de l’exposition, les ethnologues Anne Lavondès et Michel Panoff a été réduit à néant.
Heureusement, reste le catalogue, dont ils ont signé les textes, et qui apporte une somme considérable d’informations ethnographiques sur l’archipel.

TRÉSORS DES ÎLES MARQUISES, Musée de l’Homme, jusqu’au 31 janvier, de 9h45 à 17h15, du mardi au samedi. Catalogue édité avec la RMN et l’Orstom, 195 F.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°21 du 1 janvier 1996, avec le titre suivant : Trésors des Marquises : voyage au bout de la nuit

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