Antique

Salut à toi Aquae Sestiae Salluviorum !

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 11 juin 2004 - 374 mots

Aix-en-Provence vient de faire une découverte majeure : un édifice de spectacle de l’importance des amphithéâtres d’Arles ou de Nîmes.

 AIX-EN-PROVENCE - Les vestiges d’un édifice de spectacle antique ont été mis au jour à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), sur le site de la Seds, vaste réserve archéologique acquise par la ville en 2002. Une partie de la cavea (zone où prenaient place les gradins) avait été repérée en avril 2003 lors d’une campagne de prospection sur la Seds. Les fouilles menées par les services archéologiques de la ville entre décembre 2003 et avril 2004 avaient ensuite confirmé l’importance du lieu. Les sondages à venir, notamment l’analyse de la partie centrale, devraient déterminer s’il s’agit d’un théâtre ou d’un amphithéâtre – les spécialistes penchant plutôt pour la seconde hypothèse. Une chose est sûre, cette découverte, attendue depuis des décennies par les historiens, est de taille. Contrairement à Arles, Orange et Nîmes, aucun site archéologique n’avait encore été identifié sur le sol d’Aix-en-Provence. Fondée en 122 avant J.-C., la cité, nommée alors « Aquae Sextiae Salluviorum », fut la première ville romaine de la Gaule transalpine. Le bâtiment pourrait donc être antérieur aux autres édifices de spectacle antique déjà connus. Les archéologues estiment que ses dimensions seraient de 100 mètres de diamètre dans le cas d’un théâtre, et d’un grand axe supérieur à 100 mètres dans celui d’un amphithéâtre. Ces mesures le rapprochent des amphithéâtres de Nîmes (133,38 x 101,40 m), d’Arles (136 x 107 m) ou de Fréjus (113,85 x 82,20 m). Globalement, l’édifice est relativement bien conservé. Neuf gradins en pierre froide ont été dégagés, ainsi qu’un couloir de circulation intérieure, pourvu d’un beau dallage et bordé d’une galerie, sans doute destinée à recueillir les eaux.
Classée en 1963 à la suite de la découverte de plusieurs tronçons de la fortification antique de la ville, la Seds s’étend sur trois hectares et concerne une longue période de l’histoire d’Aix-en-Provence, depuis l’Antiquité jusqu’à la fin du XIVe siècle. Elle pourrait renfermer le quartier occidental de la ville antique (avec un amphithéâtre et une nécropole), mais aussi le premier siège épiscopal de la cité de l’Antiquité tardive (IVe-VIIe siècle) et une grande partie de la ville médiévale « des Tours », détruite au milieu du XIVe siècle.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°195 du 11 juin 2004, avec le titre suivant : Salut à toi Aquae Sestiae Salluviorum !

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