Saisie autorisée à New York

Le Journal des Arts

Le 22 septembre 2000 - 322 mots

Une loi permet désormais aux procureurs de l’État de New York d’engager des poursuites contre les institutions qui empruntent des œuvres volées. Les musées ont fait connaître leur opposition à cette décision.

NEW YORK (de notre correspondant) - La loi succède à l’obligation faite en 1998 au Museum of Modern Art de New York (MoMA) de remettre deux peintures d’Egon Schiele (lire le JdA n° 53, 30 janvier 1998) aux autorités judiciaires. Selon les recours déposés, les œuvres, prêtées par la fondation Rudolf Leopold de Vienne, auraient été confisquées par les nazis pendant la guerre. Dans l’incapacité de retenir les œuvres sur le sol américain, le procureur du district de Manhattan, Robert Morgenthau, avait ordonné la saisie des toiles. Mais conformément à une loi de 1968, les musées de New York étaient protégés de toute saisie. Face à l’opposition du MoMA, Robert Morgenthau et ses partisans avaient alors fait déposer une proposition de loi, votée à l’unanimité avec le soutien du gouverneur Pataki. Pour les musées, la nouvelle loi met les institutions en péril et menace leur réseau de prêt international. De la part des hommes politiques, cette opposition aux musées et aux membres de leurs conseils d’administration, soutiens réguliers des campagnes du parti républicain de Pataki, peut surprendre. “La loi envoie un message clair. New York ne deviendra pas un paradis pour les œuvres d’art volées par les nazis ou d’autres criminels”, a déclaré Pataki, reprenant les mots du procureur. La nouvelle loi ne laisse cependant pas les œuvres sans protection : les actions civiles sont toujours interdites, et le gouvernement fédéral offre l’immunité aux musées qui en font la demande. Le MoMA aurait pu bénéficier de cette immunité pour sa rétrospective Schiele, mais il n’en a jamais fait la demande. Les musées sont désormais tenus d’entreprendre des recherches sur la provenance des œuvres qu’ils exposent. Mais la législation expirera automatiquement dans deux ans, date à laquelle son efficacité sera mesurée.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°111 du 22 septembre 2000, avec le titre suivant : Saisie autorisée à New York

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