Art non occidental

Masque de Teotihuacan

Par Bertrand Dumas · L'ŒIL

Le 30 avril 2018 - 401 mots

Un masque anthropomorphe de Teotihuacan réintègre les collections du Musée du quai Branly-Jacques Chirac, près d’un siècle après sa disparition du Musée d’ethnographie du Trocadéro dont il est l’héritier.

Teotihuacan

Le masque retrouvé peut être attribué à la culture Teotihuacan qui se développe dans la vallée de Mexico (Mexique), du début de notre ère jusqu’au VIe ou VIIe siècle. L’état des connaissances actuelles ne permet pas de le situer précisément à l’intérieur de ce vaste espace chronologique.

Masque

Taillé dans une variété de marbre verdâtre, le masque, plein et lourd, n’est pas fait pour être porté. Comme les treize autres masques anthropomorphes que conserve le Musée du quai Branly, il serait le vestige d’une parure de pierre utilisée pour figurer le visage d’une sculpture et dont le corps en bois (ou autres matériaux périssables) et les vêtements auraient disparu avec le temps. Des fouilles archéologiques récentes ont localisé leur présence dans les cours des palais de Teotihuacan, sans pouvoir apporter plus de précision sur leur usage et leur signification.

Restitution

L’œuvre subtilisée a été récemment identifiée chez un collectionneur par Jacques Blazy, expert en art précolombien. Contacté par le musée, Patrick Bergier, le détenteur du masque qui le tenait de son père, a accepté de le restituer aux collections nationales. Pour son geste, il a été gratifié de l’insigne de chevalier dans l’ordre national des Arts et des Lettres.

Collection Pinart-Boban

Alphonse Pinart avait acquis le masque en 1875 auprès d’Eugène Boban Duvergé, l’antiquaire incontournable de la seconde moitié du XIXe siècle auquel tous les collectionneurs de l’époque, comme tous les grands musées d’Europe et des États-Unis, eurent affaire. Installé au Mexique, où il fonde vers 1850 une fabrique de boîtes de carton, Boban Duvergé va ensuite se dédier entièrement au commerce des antiquités précolombiennes en ouvrant des magasins, d’abord à Mexico, puis à Paris. En 1888, il vend toute sa collection à Eugène Goupil. Parmi les pièces les plus illustres qu’il posséda, citons un autre masque, celui du dieu aztèque Xipe Totec, aujourd’hui exposé au Pavillon des Sessions (Louvre).

Vol

Dans des conditions énigmatiques, mais assurément frauduleuses, le masque retrouvé de Teotihuacan avait été soustrait des collections du Musée d’ethnographie du Trocadéro au cours des années 1920, voire au tout début des années 1930. Il provenait de la collection de l’explorateur et linguiste Alphonse Pinart, qui fut la première à être enregistrée à l’inventaire du musée nouvellement fondé en 1878.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°712 du 1 mai 2018, avec le titre suivant : Masque de Teotihuacan

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