Musée

À Marly, Louis XIV en toute intimité

Par Francine Guillou · Le Journal des Arts

Le 7 février 2020 - 838 mots

MARLY-LE-ROI

Le Musée du Domaine royal de Marly rouvre ses portes après deux ans de travaux qui ont permis de moderniser la scénographie et mieux évoquer le château détruit.

Pierre-Denis Martin, dit Martin le Jeune (attribué à), Départ de chasse à Marly, vers 1720-1730, huile sur toile. © Musée du domaine royal de Marly/Photo Henri Delage.
Pierre-Denis Martin, dit Martin le Jeune (attribué à), Départ de chasse à Marly, vers 1720-1730, huile sur toile.
© Musée du domaine royal de Marly/Photo Henri Delage.

« J’ai fait Versailles pour ma cour, Marly pour mes amis et Trianon pour moi. » Si elle est apocryphe, la citation prêtée à Louis XIV n’en reflète pas moins un usage spécifique des résidences royales sous le règne du Roi-Soleil. Rouvert depuis le 18 janvier, le Musée du Domaine royal de Marly (installé dans un bâtiment construit en 1982) restitue les enjeux de la résidence de plaisance du roi, aujourd’hui disparue, entre plaisirs et diplomatie, ingénierie hydraulique et jardins à la française.

Fermé en octobre 2016 à la suite d’une inondation causée par une rupture de canalisation, le Musée-Promenade de Marly-le-Roi Louveciennes – à présent rebaptisé Musée du Domaine royal de Marly – a bénéficié d’une importante restructuration à l’issue de la publication de son projet scientifique et culturel (PSC), une rénovation inédite depuis l’ouverture du musée en 1982.

« La malchance de l’inondation est devenue une chance », explique Mathieu Saillard, directeur général des services des syndicats intercommunaux de la Boucle de Saint-Germain-en-Laye, qui pilote le Syndicat intercommunal à vocation unique (Sivu) « Musée du Domaine royal de Marly Louveciennes/Marly-le-Roi » (le Domaine est, lui, rattaché à l’Établissement public du château de Versailles). Le musée, administré par un comité syndical composé de quatre élus de Louveciennes et de quatre élus de Marly-le-Roi, décide en 2017, à la suite de l’inondation, de confier une étude stratégique du site à la Réunion des musées nationaux, afin de définir les futurs grands axes du musée. Une étude de programmation est conduite en 2018, afin de mener à bien la rénovation et la nouvelle scénographie des salles, l’année 2019 étant dévolue aux travaux. Pour un coût global de 1,6 million d’euros, le projet de rénovation a porté sur les 600 m2 du musée.

Vestiges d’un âge d’or

Ainsi, cent soixante-quatre œuvres sont exposées, réparties dans sept espaces thématiques, livrant le récit de l’âge d’or et du déclin de Marly, le château de Louis XIV, détruit durant le Premier Empire. « L’étude de la RMN a dégagé deux axes majeurs à mettre en valeur : la machine de Marly et la personnalité du roi Louis XIV », explique Géraldine Chopin, la responsable scientifique du musée.

Édifié par Jules Hardouin-Mansart à partir de 1679, le château, très en vogue sous Louis XIV, est peu à peu délaissé par ses successeurs, Louis XV et Louis XVI, qui lui préfèrent d’autres résidences royales pour accueillir leurs distractions dans une ambiance plus intime qu’à Versailles. Au sortir de la Révolution française, le château de Marly, dont le mobilier et le décor ont été dispersés, est alors démantelé.

Il s’est donc agi d’exposer les traces d’un château disparu depuis plus de deux cents ans, utilisé par intermittence pendant moins d’un siècle. Pour ce faire, la scénographie n’est pas avare en supports pédagogiques. Entre cartes, maquettes, réalité virtuelle, dispositifs audio et vidéo, le parcours contextualise l’édification et l’utilisation du bâtiment. En préambule, une carte montre la proximité de Marly avec Versailles et avec la Seine. Puis une grande maquette restitue le château, entouré de ses douze pavillons destinés aux invités, ainsi que l’imposant aqueduc de Louveciennes, par lequel arrive l’eau pompée depuis la Seine par la fameuse machine de Marly, qualifiée de « huitième merveille du monde », lors de sa construction entre 1680 et 1685. Autour de la machine hydraulique, elle aussi disparue, a été conçu un amusant dispositif interactif.

Des témoins racontent

L’escalier qui conduit à la deuxième partie du parcours est ingénieusement pourvu d’un dispositif audio qui diffuse les témoignages écrits sur Marly. Entre Saint-Simon, la princesse Palatine et les grands témoins de l’époque, les sources écrites ne manquent pas. « Sire, Marly ! », apostrophait-on le roi à Versailles, pour espérer être inscrit sur la liste des festivités à Marly. « À Marly, on ne sait plus qui on est », écrit Madame Palatine, belle-sœur du roi. La princesse exagère : l’étiquette subsiste, même si elle est plus subtile qu’à Versailles. On chasse, on danse, on joue à Marly, dans un décor plaisant et léger.

Entre les œuvres du musée (qui en conserve 2 239) et les dépôts consentis notamment par le château de Versailles, le Mobilier national, le Musée du Louvre et la Bibliothèque nationale de France, le visiteur effleure « l’esprit Marly ». Plus légers et plus plaisants qu’à Versailles, les peintres du roi exécutent des décors charmants pour les salles du château. Fleurs et angelots côtoient des représentations de chasse. En 1699, Louis XIV commande les « Saisons » pour décorer le grand salon. Antoine Coypel peint Le Printemps, Jean Jouvenet L’Hiver, déposés à Marly par le Musée du Louvre.

En outre, le musée a décroché le prêt d’un globe d’astronomie par la BNF, pour commémorer l’exposition à Marly des globes de Vincenzo Maria Coronelli, de 1703 à 1715. En parallèle, un dispositif de réalité virtuelle revient sur l’éclipse solaire de 1715, observée par le roi et ses invités au château, illustrant la passion pour l’astronomie du XVIIIe siècle naissant.

Musée du Domaine royal de Marly,
1, grille royale, Parc de Marly, 78160 Marly-le-Roi, marlyleroi.fr

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°538 du 31 janvier 2020, avec le titre suivant : À Marly, Louis XIV en toute intimité

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