Archéologie

Les Mongols n’étaient pas que des nomades

Par Julie Goy, correspondante en Espagne · lejournaldesarts.fr

Le 12 novembre 2021 - 408 mots

MONGOLIE

Les récentes découvertes confirment l’importance de leur capitale Karakorum édifiée de toutes pièces dans les steppes du nord.

La ville de Karakorum en 2008 © Aloxe, CC BY-SA 3.0
La ville de Karakorum en 2008.
Photo Aloxe

Nomades, les Mongols ont laissé très peu de traces archéologiques. Leur culture est principalement connue grâce aux registres qu’ils tenaient et aux écrits des autres peuples à leur sujet. Mais de nouvelles fouilles ont récemment permis de mettre à jour plusieurs vestiges, notamment des monuments et forts datés du XIIIe siècle, situés dans la steppe d’Asie centrale. 

Mais l’empereur mongol a eu besoin à un moment donné d’un lieu permettant de centraliser l’exercice de son pouvoir lorsque l’empire était en pleine expansion. L’immense Empire mongol initié par Gengis Khan (1155-1227) s’étendait du Pacifique à la mer Caspienne. Vers 1220, l’établissement d’un camp de base étant devenu nécessaire. Gengis Khan s’installe à Karakorum, au nord du désert de Gobi. Son fils et successeur Ögödei (1186-1241) a ensuite transformé le site en ville-capitale à partir de 1235. C’est lui qui encouragea les élites mongoles à construire des maisons en briques aux alentours du palais.

Les archéologues pensent qu’à Karakorum, les habitants étaient majoritairement des prisonniers employés à la construction des bâtiments avec des matériaux rapportés de l’extérieur. Seul l’emploi de la boue pour les constructions était local.  

Guillaume de Rubrouck, un frère franciscain en visite en 1254, a décrit l’ancienne capitale comme étant fortifiée, dotée de quatre portes et peuplée d’étrangers de tout l’empire. Les découvertes archéologiques permettent de confirmer cette description, d’après le journal Haaretz. La ville a été cartographiée à l’aide d’un SQUID – un magnétomètre utilisé pour mesurer des champs magnétiques très faibles – et de photographies aériennes. Les archéologues ont pu se rendre compte de la taille réelle de la ville et ont découvert que 40 % de la surface entourée de murs défensifs, étaient non construit. Plusieurs hypothèses sont avancées, notamment l’usage de ces emplacements pour accueillir les yourtes de populations de passage en ville. 

Les Mongols n’avaient pas de connaissances particulières en architecture et se reposaient donc sur l’expertise de leurs prisonniers, issus de diverses régions. À Karakorum, l’influence de la construction urbaine chinoise et d’Asie centrale semblait prédominer, tout en conservant un fort caractère mongol. 

Lors de la division de l’Empire mongol en 1260, la ville de Karakorum est devenue la capitale de l’empire Yuan, jusqu’à son implosion au XIVe siècle. En 1586, un monastère bouddhiste a été construit sur les terres de l’ancien palais, et le reste de la ville est depuis resté désert. 
 

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