Les dessins de Delaperche

Par Bertrand Dumas · L'ŒIL

Le 22 février 2018 - 428 mots

Grâce à l’acquisition de quatre-vingt-dix dessins de Jean-Marie Delaperche par le Musée des beaux-arts d’Orléans, un talent oublié recouvre la lumière.

100 000 €
Découverts par Emmanuel Roucher (Galerie Chaptal, Paris), les quatre-vingt-dix dessins inédits ont été cédés pour 100 000 euros. La première moitié a été financée par le Fonds du patrimoine, la seconde, à parts égales, par la Ville d’Orléans (sur les arrérages du legs Guillaux) et par la première campagne de financement participatif lancée par le musée. Celle-ci a dépassé l’objectif initial avec près de 31 000 euros réunis, dont l’excédent sera employé au financement du catalogue qui accompagnera l’exposition Delaperche à venir.

1812
Plusieurs dessins sont signés et localisés à Moscou, où résident l’artiste et sa famille depuis plusieurs années. En 1812, ses deux fils sont enrôlés dans la Grande Armée comme traducteurs. Delaperche ne les reverra jamais, ils seront retrouvés morts de froid au bord d’une route. Pendant les trois années qui suivent cette tragédie, l’artiste plonge dans une production fiévreuse dont témoignent ces quatre-vingt-dix dessins.

Iconographie
Nombre de feuilles sont annotées par l’artiste. Après analyse, ces précieuses légendes renseigneront sur l’iconographie de cet ensemble qui oscille entre scènes historiques, allégoriques, mythologiques, voire satiriques.

Delaperche
Avant la découverte de cet ensemble inédit, aucune œuvre de Jean-Marie Delaperche (ou Laperche), né à Orléans en 1771, n’était identifiée, hormis un splendide dessin acquis par le Musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg, en 1941. Son nom était connu uniquement des érudits locaux. Cet oubli peut s’expliquer par le départ précoce de l’artiste pour la Russie, auquel il accomplit une partie de sa carrière. À son retour en France, il ne fit que de brèves apparitions au Salon, entre 1824 et 1842, où il adresse quelques portraits et études. Avec l’aide de son frère Constant, lui-même peintre et sculpteur, il aurait exécuté le Noli me tangere conservé dans l’église de la Madeleine, à Rouen.

Préromantique
Le nombre de dessins découverts rend désormais identifiable le style de Jean-Marie Delaperche. Leur qualité est digne de celle des meilleurs disciples de David, dont il fut l’élève. Son style, de facture néoclassique mais à l’accent déjà romantique, est aussi influencé par l’école anglaise contemporaine, si l’on songe aux scènes de genre de Thomas Rowlandson ou aux dessins d’histoire de Füssli ou même de John Martin, pourtant son cadet de près d’une génération. Cette résurrection permet à la Ville d’Orléans d’inscrire le nom de Delaperche au panthéon des artistes de son temps. Un événement dont on prendra la mesure l’hiver prochain, à l’occasion de l’exposition monographique que le musée orléanais lui consacrera.

 

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°710 du 1 mars 2018, avec le titre suivant : Les dessins de Delaperche

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