Les déboires de la gare centrale de Berlin

Par Isabelle Spicer (Correspondante à Berlin) · Le Journal des Arts

Le 14 octobre 2014 - 509 mots

La Hauptbahnhof, gare centrale de Berlin, a connu et connaît encore son lot de déboires. Conçue avec un budget de 700 millions d’euros et devant être complètement opérationnelle en 2002, elle a finalement été inaugurée en mars 2006 et a coûté 1 milliard d’euros.

PDG de la Deutsche Bahn (SNCF allemande) à cette époque, Hartmut Mehdorn a réalisé plusieurs aménagements afin que les coûts, mais surtout les délais, ne dérapent encore : la gare devait absolument être prête à temps pour la Coupe du monde de football 2006 en Allemagne. Le toit en verre qui protège les passagers des intempéries a été raccourci de plus de 120 mètres, laissant ainsi les passagers de première classe à la merci des éléments naturels. Face aux protestations des voyageurs, la Deutsche Bahn avait dans un premier temps envisagé d’engager du personnel pour amener les passagers au train avec un parapluie, avant d’abandonner cette idée. La verrière devait être rallongée ultérieurement. Autre élément d’économie, le plafond voûté de la partie souterraine de la gare initialement prévu a été remplacé par un plafond plat. Meinhard von Gerkan, l’architecte allemand qui a conçu la gare, a porté plainte en 2005 pour entorse à la propriété intellectuelle et a dans un premier temps obtenu gain de cause : le plafond plat portant atteinte à l’ensemble architectural, il devait être reconstruit conformément aux plans initiaux. Par ailleurs, un an après l’inauguration, en 2007, la violente tempête Kyrill a provoqué l’effondrement d’une poutre en acier pesant plus d’une tonne, qui tenait par la force de la gravité. Deux autres colonnes ont également été endommagées. Les colonnes ont depuis été fixées. La Deutsche Bahn et l’architecte se sont renvoyés la responsabilité de l’incident.

Les désaccords juridiques sur le plafond, qui restera finalement plat, sur la verrière et l’incident de la tempête, ont finalement été réglés à l’amiable en 2008. La Deutsche Bahn a versé une indemnisation (8 millions d’euros selon le quotidien Frankfurter Rundschau) à la fondation « Academy for Architectural Culture » du cabinet d’architecte Gerkan, Marg et Partner. En juin, la Deutsche Bahn a finalement abandonné le projet d’extension du toit en verre. Trop coûteux (145 millions d’euros), le prolongement de la verrière impliquerait également de fermer des voies ferroviaires pendant neuf mois. Le matériel avait pourtant été commandé en 2006 et est toujours entreposé près de la gare d’Ostbahnhof.

Dernier problème en date, la partie aérienne de la gare desservant les grandes lignes devra fermer pendant trois mois en 2015, et deux mois en 2016 pour les S-Bahn (le RER berlinois). Coût prévisionnel de l’opération : 25 millions d’euros. Les ponts ne supportent pas le poids des trains, les vis se desserrent ou pire cassent. En cause, la mise en place d’une structure de soutien des rails inadaptée à la forme en courbe de la gare. Il aurait fallu construire un dispositif spécial, ce qui n’a pas été fait… faute de temps. En attendant les rénovations, la sécurité des voyageurs n’est pas menacée : les vis sont vérifiées tous les mois et le cas échéant resserrées.

Légende photo

La Gare centrale de Berlin / Berlin Hauptbahnhof - Photo Angr - 2006

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°420 du 3 octobre 2014, avec le titre suivant : Les déboires de la gare centrale de Berlin

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