Musée

Le musée Girodet sort de convalescence

Par Margot Boutges · Le Journal des Arts

Le 4 janvier 2019 - 808 mots

MONTARGIS

Après une vaste rénovation perturbée par les effets dévastateurs de la crue du canal de Briare, le musée de Montargis a rouvert ses portes sous une forme provisoire que de prochains ajouts viendront parfaire.

Montargis. C’est avec presque deux ans de retard que le Musée Girodet a rouvert ses portes le 15 décembre 2018. Plus qu’un contretemps technique, c’est une catastrophe qu’a subie l’institution en juin 2016. Alors que son bâtiment qui jouxte le canal de Briare achevait sa rénovation, il avait été inondé par les crues. Ses collections surtout – qui avaient été placées dans des réserves provisoires en sous-sol d’une ancienne banque voisine – avaient été frappées de plein fouet. Sur les 3 000 œuvres que comprend la collection, 2 600 pièces avaient été immergées et charriées par les eaux. Selon les équipes du musée, une œuvre seulement (anonyme) n’a pas pu être sauvée. Deux ans et demi de travail acharné plus tard, qui ont été notamment consacrés à restaurer la majorité des peintures, le musée géré par l’agglomération montargoise offre (au sens littéral, l’entrée étant gratuite jusqu’au 28 février) enfin sa nouvelle mouture au public. Ce sont des travaux conséquents qui ont été réalisés dans cet hôtel du XIXe siècle niché au cœur d’un parc. Il s’agissait principalement d’agrandir les espaces. Aussi le musée s’est-il doté de deux extensions contemporaines : une à l’arrière et l’autre à l’avant du bâtiment. Si la première a un intérêt indiscutable – elle permet au musée de doubler les surfaces de son parcours permanent et de se doter de salles d’expositions temporaires qui lui faisaient défaut –, la seconde (une galerie vitrée de 250 m2 [voir illustration]) apparaît comme une adjonction superflue qui vient parasiter la façade néoclassique. L’intérieur du musée a également changé d’allure : autrefois colorées, les cimaises sont parées d’un blanc immaculé qui tranche violemment avec les peintures du XIXe siècle représentant des vues de Montargis ou des cartouches au nom d’artistes qui décorent les plafonds de la « grande galerie » du musée.

Un parcours historique
C’est sous l’angle de l’histoire de l’institution et de ses collections, évoquée de manière détaillée par le biais de panneaux, de frises et de vidéo, qu’est construit le parcours. Si le musée est surtout connu pour son lien avec Girodet – il possède le deuxième fonds après le Louvre et porte le nom de l’artiste depuis 1967 –, il n’en a pas toujours été ainsi. Fondé en 1853, le musée de Montargis a beaucoup bénéficié de la générosité et de l’appui de notables locaux pour constituer une présentation d’œuvres se voulant représentative des principales écoles européennes. Le Saint Jérôme pénitent de Zurbaran, pièce maîtresse des collections, a été offert par une duchesse voisine. Et si le musée possède la toile Les trois crânes de Géricault, c’est sous l’impulsion du sculpteur néo-Renaissance Henri de Triqueti (1803-1874), grand connaisseur de l’œuvre de l’auteur du Radeau de la Méduse. L’enfant du pays Henry de Triqueti a eu un rôle clef sur lequel s’appesantit le début du circuit de visite. Il a considérablement enrichi le musée, de ses conseils, mais surtout de ses dons et legs : environ 300 œuvres de son fonds d’ateliers ont rejoint les collections de Montargis.

Honneur à l'enfant du pays
Sans surprise, la suite du parcours se concentre sur Anne Louis Girodet (1767-1824). Ses œuvres, qui font la jonction entre le néoclassicisme et le romantisme, ont toujours été présentes dans les collections. Mais c’est surtout lors de la deuxième moitié du XXe siècle que le musée a décidé de se recentrer sur l’œuvre de cet élève de Jacques Louis David, né à Montargis. Des toiles ou lithographies (achetées, données ou déposées) retracent la carrière de l’artiste. Certaines sont célèbres pour être des versions réduites de chefs-d’œuvre du Louvre. Ainsi le langoureux Sommeil d’Endymion ou la dramatique Scène de déluge. D’autres sont plus méconnues, telles cette puissante tête de Mardochée, acquise en 2017, la tendre Leçon de géographie ou le petit et sirupeux Enlèvement d’Europe. Loin de se heurter les unes aux autres, ces œuvres s’insèrent dans un accrochage aéré et encore très dépouillé. Ici et là, flotte une ambiance d’inachèvement. Les monumentales Funérailles d’Atala, envoyées à l’exposition « Amour », ne sont pas encore rentrées du Louvre-Lens. Certaines salles du parcours sont encore fermées au public. Elles stockent en effet des œuvres qui n’ont pas encore été restaurées après la crue. Pour compenser les manques de la présentation à l’ouverture, l’institution montargoise s’est tournée vers le Musée des beaux-arts d’Orléans, deuxième grand conservatoire des œuvres de Triqueti qui a prêté une partie de son fonds de terres cuites ou de bronzes. Une manière de patienter en attendant la fin du prochain chantier de restauration : celui des sculptures. Les équipes du musée ont encore du pain sur la planche avant de montrer au public ce qu’aurait dû être le nouveau Musée Girodet.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°514 du 4 janvier 2019, avec le titre suivant : Le musée Girodet sort de convalescence

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