Musée

Le Musée de la chasse et de la nature prend de la hauteur

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 10 décembre 2019 - 766 mots

PARIS

Le musée installé dans le Marais rouvrira fin 2020 après d’importants travaux de réaménagement dans l’étage supérieur.

Le Musée de la chasse va se déployer dans le dernier étage du bâtiment. © Photo Luc Boegly.
Le Musée de la chasse va se déployer dans le dernier étage du bâtiment.
© Photo Luc Boegly.

Gagner de la surface est le mouvement naturel de tout musée, mais ce n’est jamais simple et toujours coûteux. Cela l’est plus encore dans le quartier historique du Marais, en plein centre de Paris, où le mètre carré vaut une fortune. Le Musée de la chasse et de la nature installé dans l’hôtel Guénégaud, construit par François Mansart au XVIIe siècle, et qui appartient à la très prospère Fondation François Sommer (lire encadré) a résolu ce problème en rachetant tout simplement des bâtiments. En 2007, il s’était étendu dans l’hôtel de Mongelas contigu. Cette fois, il a acquis, en association avec la Fondation Henri Cartier-Bresson, un ancien garage à quelques mètres de là, qui a été entièrement rénové et dans lequel ont été installés, il y a un an, les bureaux, libérant ainsi tout le dernier étage du musée.

C’est ce chantier que va devoir gérer Christine Germain-Donnat, la nouvelle directrice du musée qui prend la succession de Claude d’Anthenaise, lequel va conseiller le président de la fondation pendant quelque temps. Elle va récupérer les 200 m² du second étage et ainsi pouvoir à la fois redéployer la collection permanente et étendre les surfaces d’expositions temporaires un peu à l’étroit dans leurs 100 m². La tache ne l’effraie pas, forte de son expérience de réaménagement du Musée des arts décoratifs, de la faïence et de la mode au château Borély, à Marseille.

Cet agrandissement est devenu indispensable avec l’augmentation importante de la fréquentation qui a plus que doublé entre 2011 et 2018, pour atteindre 120 000 visiteurs. Le repositionnement du musée entrepris par Claude d’Anthenaise n’est pas pour rien dans ce succès. Il a su habilement, à travers une scénographie intimiste et inventive, dépasser la thématique très clivante de la chasse pour s’emparer de celle, plus porteuse, de la nature et des questions sociétales associées. Il a également fait voisiner fusils de chasse et animaux empaillés avec des œuvres d’art contemporain dans des expositions temporaires qui ont fait date. Ce sont d’ailleurs ces expositions temporaires qui dopent la fréquentation.

Une concurrence plus importante

« Je vais continuer la programmation telle qu’elle a été définie par Claude d’Anthenaise, tout en m’appuyant davantage sur les collections et l’art contemporain », explique la nouvelle directrice-conservatrice qui va profiter de la fermeture pour continuer le travail scientifique sur les collections. Un budget d’acquisition confortable de 200 000 euros par an, ajouté à des dépôts et des commandes ont permis d’enrichir le fonds initial.

De son côté, la fondation profite des travaux pour compléter la panoplie devenue classique d’un musée bien fréquenté : une librairie-boutique, une petite cafétéria qui sera surtout attractive aux beaux jours avec la terrasse en extérieur, des espaces pédagogiques agrandis, un ascenseur pour handicapés et la climatisation de tout le bâtiment.

Une panoplie classique, mais obligatoire, avec l’arrivée de deux concurrents de poids à quelques encablures : un Musée Carnavalet tout neuf qui va rouvrir prochainement et la Collection Pinault à la Bourse du commerce. « Nous avons un public très parisien et même de quartier, souligne la nouvelle directrice, nous devons à la fois fidéliser ce public local qui nous connaît bien et conquérir les touristes français et étrangers qui n’ont pas encore une image bien précise de ce que nous présentons. »

Si tout se passe bien, le musée devrait présenter ses nouveaux atours à la fin de l’année prochaine.

Mais comment font-ils ?  

FINANCEMENT. L’opération coûte au total 27 millions d’euros : 20 millions pour l’acquisition et la rénovation de l’ancien garage acquis en commun avec la Fondation Henri Cartier-Bresson via une SCI (détenue à 52 % par la Fondation François Sommer) et 7 millions pour la rénovation du musée. Le financement est réalisé sur fonds propres et par emprunt bancaire, un rêve – inaccessible – pour la quasi-totalité des opérateurs culturels et qui tient aux ressources confortables de la fondation. « La grande opportunité a été de pouvoir céder les parts de la société Sommer-Allibert qui ont été apportées à la Fondation Sommer en 1964. Depuis, et avec pertinence, nous avons diversifié nos actifs (sociétés cotées en bourse, produits de rendement et obligations). Notre allocation d’actifs permet de rendre pérenne notre dotation et de la faire progresser grâce à la gestion experte du comité financier et à la bonne gouvernance de la fondation », explique le directeur général Yves d’Hérouville. En clair, le budget de fonctionnement de la fondation (7,8 millions d’euros) et le remboursement du prêt bancaire sont couverts par le seul rendement des actifs financiers que l’on peut estimer entre 200 et 300 millions d’euros.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°534 du 29 novembre 2019, avec le titre suivant : Le Musée de la chasse et de la nature prend de la hauteur

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