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POLITIQUE MUSÉALE

Le grand meccano des musées de Reims

Par Francine Guillou · Le Journal des Arts

Le 29 avril 2019 - 817 mots

REIMS

Les musées de Reims entrent dans une nouvelle ère avec le rattachement du Musée Le Vergeur, les réserves mutualisées, des services communs et le lancement du vaste programme de réhabilitation du Musée des beaux-arts.

Vue extérieure du musée Le Vergeur © Photo Alexandre Dumoutier
Vue extérieure du musée Le Vergeur
© Photo Alexandre Dumoutier

Reims. Un nouveau site est entré dans le giron des musées de la ville de Reims. Début janvier, le Musée Le Vergeur, jusqu’alors associatif, a été intégré au réseau des musées rémois grâce à une convention passée entre la Société des amis du vieux Reims (SAVR) propriétaire des lieux, et la ville de Reims.

Cette annonce intervient après la réorganisation des musées de la Ville, le début du chantier des réserves mutualisées et la fermeture prochaine du Musée des beaux-arts pour des travaux de réhabilitation et d’extension attendus depuis plusieurs années. Pour la municipalité, le rattachement du Musée Le Vergeur est aussi une manière d’affirmer le caractère volontariste de la politique muséale de la Ville, après un début de mandat chaotique.

Grâce à un bail emphytéotique et à travers un accord-cadre, la municipalité va intégrer les cinq salariés de cet hôtel particulier, construit à partir du XIIIe siècle, ayant appartenu au XVIe siècle à Nicolas Le Vergeur, puis à Hugues Krafft (1853-1935), qui le lègue ainsi que ses collections à la SAVR, association qu’il a créée en 1909. Parmi les pièces les plus importantes conservées dans le musée, une collection de 50 gravures d’Albrecht Dürer, dont la série complète des 15 planches de l’Apocalypse. « Il fallait “dépoussiérer” le musée, lui donner une seconde jeunesse », selon Arnaud Robinet, maire de Reims depuis 2014. « Le musée accueille 8 000 visiteurs par an, ce qui est trop peu pour la qualité du lieu », analyse l’édile. L’hôtel, placé sous la responsabilité du Musée des beaux-arts (MBA), sera le lieu des expositions « hors-les-murs » du MBA pendant sa fermeture, les jardins ouverts en entrée libre et l’amplitude horaire augmentée dès cette année. Un projet scientifique et culturel est en cours d’écriture par le personnel du MBA.

Une mutualisation cohérente

Le Musée Le Vergeur devient ainsi la sixième entité des musées de la Ville, et le troisième labellisé « musée de France » après le Musée des beaux-arts et le Musée Saint-Remi. Surtout, cette intégration arrive après la réorganisation et la mutualisation des musées municipaux par Georges Magnier, directeur des musées de Reims, arrivé fin 2015 avec trois dossiers majeurs.

Sur la feuille de route du conservateur, à l’époque fraîchement émoulu de l’INP (l’Institut national du patrimoine), figurait tout d’abord la réunion de deux entités : le MBA (associé à la Chapelle Foujita) et les musées historiques de Reims (Musée Saint-Remi, Musée de la Reddition et Musée du Fort de la Pompelle). « Il y avait peu de dialogue, quasiment pas de concertation, et on s’est dit qu’il fallait mettre un peu de cohérence dans les musées », explique Pascal Labelle, adjoint au maire délégué à la culture. La mutualisation a porté sur l’administration, les services techniques, l’accueil et la surveillance. « Il y a aussi eu une nouvelle répartition des collections entre les musées, au-delà de l’arbitraire ou du coup par coup qui avait prévalu jusqu’alors : par exemple, des peintures de la fin du Moyen Âge et du lapidaire ont été transférées du musée des beaux-arts vers Saint-Remi, pour apporter un contexte historique », détaille Georges Magnier. À la tête des musées historiques, dont la sous-direction a été préservée, la conservatrice Bénédicte Hernu devrait soumettre le projet scientifique et culturel de Saint-Remi cette année, faisant évoluer l’institution vers un vrai musée d’histoire de la Ville.

Ensuite, le directeur a dû étudier le projet de réserves mutualisées des musées, dont la première pierre a été posée à l’automne dernier, pour une livraison prévue à la fin de cette année. Avec 9,6 millions d’euros engagés, la Ville a choisi la maîtrise d’ouvrage interne. « Ces réserves vont tout changer pour nous : actuellement au sein du MBA, nous avons 1 400 m2 de réserves pour 1 100 m2 pour les visites, soit un niveau de saturation considérable », confie Georges Magnier.

Enfin, après l’annulation brutale en 2014 du projet de Musée des beaux-arts porté par l’équipe municipale précédente (lire JdA n° 422), le maire a confié la préfiguration d’un nouveau projet au directeur des musées et assure aujourd’hui encore, du bien-fondé de sa décision : « J’assume, d’un point de vue urbanistique, ne pas avoir voulu de ce projet. Et qu’aurions-nous fait de l’abbaye [ancienne abbaye Saint-Denis, abritant actuellement le MBA, ndlr] ? En tant que Rémois, je ne voulais pas voir partir ce patrimoine, dont la restauration était chiffrée à 45 millions d’euros. » Le concours architectural est en cours, l’architecte lauréat sera désigné en juin 2020, pour un projet estimé à 45 millions d’euros et 6 500 m2 de surface utile, entre réhabilitation et extension. À l’horizon 2023, la donation Foujita, représentant 2 500 œuvres et documents offerts entre 2013 et 2014 par les héritiers du peintre, pourra enfin être présentée dans un espace pérenne de 250 ms.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°522 du 26 avril 2019, avec le titre suivant : Le grand meccano des musées de Reims

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