Une étude scientifique vient confirmer la prestigieuse provenance du plus vieux clavecin français connu à ce jour et lui redonner de la voix.
L’étude des collections réserve parfois de belles surprises. Le Musée de l’Hospice Saint-Roch d’Issoudun a pu récemment en faire l’expérience. Un aréopage d’historiens, de musicologues et d’iconographes ont passé au crible l’une de ses pièces les plus originales : le clavecin de Jean II Denis. Il s’est avéré que cet objet restauré et classé monument historique il y a quelques années jouit d’un pedigree exceptionnel. Il a en effet été réalisé pour l’apprentissage du tout jeune Louis XIV.
La reine de France, Anne d’Autriche, cède, sur les conseils de Jacques Champion de Chambonnières, claveciniste du roi et pionnier dans sa pratique, à l’engouement pour cet instrument nouveau en passe de détrôner l’épinette. Elle commande pour son fils aîné qui n’a pas dix ans un somptueux clavecin à deux claviers. L’étude du décor a permis de rattacher avec certitude l’objet à son illustre propriétaire car le chiffre de Louis XIV, deux « L » en rinceaux d’acanthes, figure sur le couvercle.
Cet objet se distingue, non seulement par sa provenance prestigieuse, mais aussi par son décor somptueux. Il comprend en effet des médaillons représentant des proches du futur souverain : sa mère, le cardinal Mazarin et Françoise de Motteville, une dame de compagnie de la reine. Un ornement floral inspiré des traditions flamandes de la Renaissance ainsi qu’une guirlande de fleurs, des amours triomphants, des trophées guerriers et une évocation de la jeunesse et des plaisirs du roi complète ce riche décor.
Les études menées sur cet objet ont également permis de le dater avec précision. Les spécialistes peuvent désormais affirmer qu’il a été réalisé en 1648, ce qui en fait le plus ancien clavecin français connu à ce jour. Ces instruments sont très rares dans les collections publiques, on en dénombre seulement 33. Celui-ci est également signé. On sait qu’il est l’œuvre de Jean II Denis, l’un des meilleurs facteurs de son temps, qui était par ailleurs organiste et théoricien, auteur du célèbre Traité de l’accord de l’espinette.
Si l’objet a été étudié sous toutes ses coutures, c’est pour être copié ! L’association Clavecin en France a en effet sollicité le musée pour réaliser un fac-similé de ce trésor afin de retrouver les sonorités du Grand Siècle. La création de la réplique a été confiée au grand facteur Émile Jobin. Depuis, cette pièce unique fait le tour de France des conservatoires pour faire résonner le répertoire baroque. Les visiteurs du musée d’Issoudun pourront l’écouter lors d’un concert exceptionnel le 12 juillet.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Le clavecin de Louis XIV retrouvé
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°786 du 1 juin 2025, avec le titre suivant : Le clavecin de Louis XIV retrouvé