Paris

Le Centre de Chaillot gardien du patrimoine monumental et urbain

Une institution nationale vouée à la culture architecturale

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 1 janvier 1995 - 891 mots

Le Centre de Chaillot se veut "une vitrine du patrimoine architectural et urbain". Le projet, évalué entre 150 et 200 millions de francs, regroupera trois entités : le Musée des monuments français, l’École de Chaillot et une médiathèque. Les travaux devraient commencer en 1997 et durer jusqu’au début de 1998.

PARIS - En annonçant, en clôture des VIIe Entretiens du Patrimoine, la création du Centre de Chaillot pour le patrimoine monumental et urbain au palais de Chaillot à Paris, le ministre de la Culture et de la Francophonie, Jacques Toubon, a tenu à souligner l’originalité d’un projet "qui ne fait pas surgir ex nihilo une nouvelle structure, mais recompose et modernise des entités existantes".

Les principales orientations préconisées par Jean-Marie Pérouse de Montclos, directeur de recherche au CNRS, vice-président de la commission nationale de l’Inventaire général, et Jean-Marie Vincent, conservateur général du Patrimoine, chargés – dès le mois de juillet 1993 – de donner corps à ce projet, ont été finalement retenues.

Le futur Centre de Chaillot, qui se veut "un ensemble cohérent, voué à la culture du patrimoine monumental, et un lieu de contact avec les publics les plus variés" réunira donc, sur les 22 500 m2 de l’aile de Paris, à l’est du palais de Chaillot, le Musée des monuments français (MMF), "élargi et rénové", l’École de Chaillot, "agrandie et confortée", et une médiathèque du patrimoine monumental et urbain "constituée par le rapprochement d’éléments aujourd’hui dispersés". Les trois entités auront vocation à coopérer étroitement autour de projets d’intérêt commun : colloques, expositions, animations, éditions.

La présidence de la mission de préfiguration du futur Centre de Chaillot est confiée à Thierry Bondoux, précédemment directeur général de l’Union centrale des arts décoratifs, sous l’autorité du directeur du Patrimoine, Maryvonne de Saint-Pulgent. Selon les solutions techniques retenues, la direction du Patrimoine devrait investir entre 150 et 200 millions de francs pour réaménager l’aile de Paris du palais de Chaillot, dessiné par Jacques Carlu en 1935.

Un musée de l’histoire de l’architecture
Le Musée des monuments français, dont la superficie passera de 14 000 à 15 500 m2, renouvellera sa muséographie en intégrant une présentation architecturale tout au long du parcours monumental. Le MMF, dont la fréquentation a doublé en un an (de 44 000 à 82 000 visiteurs), grâce à la politique d’expositions menée par son nouveau directeur Guy Cogeval, sera doté de la galerie d’expositions temporaires (1 200 m2) qui lui fait défaut, ainsi que d’espaces de réserves (2 000 m2).

Une section XXe siècle – jusqu’aux années trente – sera créée à partir de la commande de moulages d’éléments représentatifs de l’architecture néoclassique, métallique, Art nouveau et Art déco. Selon Thierry Bondoux, "sans devenir à proprement parler un musée de l’architecture, une expression ambiguë qui recouvre des réalités très diverses, le nouveau MMF devrait être un musée de l’histoire de l’architecture". Son transfert de la direction des Musées de France à la direction du Patrimoine, effectif depuis le 1er janvier, "devrait faciliter le pilotage de l’ensemble du processus". La Caisse nationale des monuments historiques et des sites sera, quant à elle, chargée de la gestion commerciale.

La médiathèque concentrera sur 5 800 m2 "un vaste ensemble de fonds intéressant le patrimoine architectural et urbain, archives, livres, revues, photos, aujourd’hui géographiquement dispersés". Un fichier informatisé sera élaboré en liaison avec la Bibliothèque nationale de France. Le Centre de recherche des Monuments historiques, qui gère le fonds Viollet-Le-Duc, et la bibliothèque du MMF seront rejoints par d’autres services de documentation, dont les archives et la photothèque des Monuments historiques, et la bibliothèque du Patrimoine, déménagée de l’hôtel de Croisilles.

Les bases de données de l’Inventaire général (Mérimée et Palissy) et des Fouilles archéologiques seront également consultables sur place. "Ce sera un outil de recherche efficace, un accès aux sources simplifié, un regroupement de documents à la disposition des historiens, architectes, urbanistes, étudiants." Le grand public n’y aura donc pas accès.

Un projet pédagogique
L’École de Chaillot, qui forme les architectes des bâtiments de France et ceux des Monuments historiques, verra sa superficie tripler (de 420 à 1 200 m2). Elle "mettra en place une formation doctorale destinée à irriguer les écoles d’architecture en architectes-docteurs", des enseignants de haut niveau qui renforceront la formation à l’histoire de l’architecture, jugée "trop déficiente dans nos écoles", et accueillera, "au sein d’un projet pédagogique élargi à la formation continue et aux partenariats internationaux", trois cents élèves, toutes filières confondues, au lieu de cent actuellement. L’École de Chaillot, qui dépend aujourd’hui du ministère de l’Équipement, devrait se voir reconnaître un statut d’établissement public sous la double tutelle "Culture" et "Équipement", avec comme nouvelle raison sociale "Centre d’études du patrimoine architectural urbain et paysager".

Dans la logique de restitution de l’ensemble de l’aile de Paris à une mission patrimoniale, les organismes ne s’intégrant pas au projet "Chaillot" seront relogés. Le transfert au palais de Tokyo de la Cinémathèque, du Musée du cinéma Henri Langlois et de la bibliothèque de la Femis est programmé au début de 1997, libérant ainsi 4 200 m2 et une salle (celle de l’actuelle Cinémathèque) de trois cents places, où se tiendront désormais les "Entretiens de Chaillot". L’atelier de moulages de la Réunion des musées nationaux, qui occupe plus de 2 600 m2, sera délocalisé en région parisienne d’ici dix-huit mois. Enfin, l’association France-Libertés de la Fondation Danielle Mitterrand devra également quitter les lieux.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°10 du 1 janvier 1995, avec le titre suivant : Le Centre de Chaillot gardien du patrimoine monumental et urbain

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