La seconde jeunesse d’un centenaire

À Saint-Pétersbourg, le Musée russe rénové peut enfin assurer correctement ses missions

Le Journal des Arts

Le 28 août 1998 - 541 mots

Encore en déshérence il y a dix ans, le Musée russe d’État du Palais Michel, à Saint-Pétersbourg, a bénéficié d’un effort sans précédent pour assurer correctement ses missions. Une réussite propre à entretenir l’espoir des autres institutions russes.

SAINT-PÉTERSBOURG - Le Musée russe d’État du Palais Michel, inauguré en 1898 par Nicolas II, vient de célébrer son centenaire. Encore assez peu connu en Occident, il a la malchance d’être géographiquement situé à deux pas de l’Ermitage, du Palais d’hiver, du Jardin d’été et de la place du Palais. De Pierre le Grand à Lénine, l’histoire de Saint Pétersbourg et de la Russie moderne est liée à ces quelques centaines de mètres : le quai de la Neva devant le palais, le monument à Pierre le Grand, le Sénat, la cathédrale Saint-Isaac, la place Marinski. Mais peu nombreux sont ceux qui s’aventurent à visiter les villas impériales des alentours.

Construit par l’architecte Carlo Rossi (1777-1849) pour le grand-duc Michel, frère d’Alexandre Ier, le palais est resté propriété de la famille jusqu’à la deuxième moitié du XIXe siècle. Puis, il a été racheté par Nicolas II qui voulait en faire un musée différent des autres, exclusivement consacré à l’art russe. C’est ainsi que ce Musée russe est devenu au fil des ans une référence pour les spécialistes. Riche de 400 000 œuvres, il offre le plus large panorama d’art russe qui soit au monde, bien plus vaste encore que celui de la Galerie Tretiakov à Moscou. Au cours des dix dernières années, le Palais Michel a radicalement changé, non seulement d’aspect mais aussi de politique, de structure et d’organisation. En 1989, le musée était dans un état critique. Le classement était totalement obsolète, l’atelier de restauration antédiluvien, et le reste à l’avenant. Il ne possédait pas les moyens les plus élémentaires pour fonctionner et mettre en valeur ce fonds fascinant : dessins, aquarelles, manuscrits, journaux de voyage en Italie de tous ces peintres russes venus chercher la lumière de la Méditerranée, en passant par la peinture d’avant-garde encore tenue cachée, les Kandinsky inédits, l’absolue poésie des premiers Chagall, les Rodtchenko, les Malevitch, les Popova, et surtout les œuvres de Larionov et de Gontcharova, ainsi que la grande peinture du XIXe siècle.

Désormais, tout le fonds est fiché et peut facilement être consulté : il y a des ordinateurs dans chaque pièce ; l’atelier de restauration est ultramoderne ; le musée s’est doté d’une boutique ; le catalogue est en cours d’impression en divers formats et plusieurs langues, et le musée a sa propre maison d’édition (Palace Édition). Un gigantesque travail de réorganisation a été fait, accompagné de quelques acquisitions non négligeables. Il faut aussi rappeler que le Musée russe abrite, outre la peinture, une grande quantité de sculptures et de meubles, de tissus, de porcelaines, de verres et d’argenterie. Chemin faisant, il s’est agrandi non seulement avec l’aile Benois, construite au début du siècle à l’ouest du bâtiment de Rossi, vers le canal Griboïedov, mais aussi avec le Palais Strogonoff reçu en dotation, le Palais de marbre et le Palais Michaïl, construit par Vincenzo Brenna au milieu des canaux, en face du Jardin d’été. Ce palais, où a été tué Paul Ier, abrite la collection de portraits impériaux la plus complète de Russie.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°65 du 28 août 1998, avec le titre suivant : La seconde jeunesse d’un centenaire

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