Musée

La National Portrait Gallery va fermer pendant trois ans

Par Tristan de Bourbon, correspondant à Londres · Le Journal des Arts

Le 14 novembre 2019 - 734 mots

Le musée londonien va moderniser ses salles, déplacer son entrée et récupérer des espaces d’exposition. Une partie de sa collection circulera à travers le monde.

Londres. La National Portrait Gallery se lance dans un vaste projet de rénovation. Le musée londonien du portrait fermera ses portes du 29 juin 2020 au printemps 2023. Ces travaux visent à moderniser son bâtiment, pour le rendre « plus accueillant et accessible à tous », selon son directeur, Nicholas Cullinan. Les musées du Royaume-Uni privilégient de plus en plus pour leurs nouvelles salles une lumière naturelle et prévoient la création d’espaces commerciaux et d’ateliers pédagogiques. Ce meilleur confort et la multiplication des activités visent à retenir le public en leurs murs : plus les visiteurs demeurent dans l’établissement et y reviennent régulièrement, plus les recettes du musée augmentent. Cette diversification paraît aujourd’hui nécessaire à l’heure où les subventions de fonctionnement versées par l’État britannique tendent à se réduire.

L’édifice connaîtra une modification physique considérable. La plus importante depuis que le musée y a élu domicile en 1896. Trois portes seront ouvertes dans sa façade est actuelle, aujourd’hui composée de fenêtres avec vue sur une petite place et la statue de l’acteur Henry Irving. Ces trois portes formeront l’entrée principale du bâtiment. Un choix judicieux, aussi bien pour ses conséquences pratiques que pour la visibilité du musée : les visiteurs doivent passer actuellement par une entrée étroite, malaisée et peu visible. Elle est située directement sur les trottoirs souvent bondés de Charing Cross Road, eux-mêmes empruntés par les spectateurs de nombreux théâtres alentour, les touristes déambulant autour de Trafalgar Square et bien évidemment les visiteurs de la National Gallery. Cette entrée ne sera pas fermée ; elle sera modifiée pour être rendue accessible aux fauteuils roulants et poussettes.

L’ensemble de l’aile est, qui est aujourd’hui occupée par des bureaux, sera ouvert au public. Une large partie sera convertie en salles d’exposition, pour certaines éclairées par la lumière du jour. Outre la rénovation de l’ensemble des galeries d’exposition de l’immense collection de portraits, un fonds qui remonte à l’époque de la dynastie Tudor (1485-1603), le musée entend développer ses activités parallèles. Un centre pédagogique sera créé pour les visiteurs, duquel dépendront trois ateliers – il n’en existe qu’un seul actuellement. Il sera destiné aux familles, aux écoles, aux jeunes et aux groupes. L’espace café et restauration sera étendu.

Un budget de 40 millions d’euros

Les travaux sont menés par le cabinet Jamie Fobert Architects, déjà chargé de l’extension de la Tate St Ives, ouverte en 2017. Le budget prévisionnel est de 35,5 millions de livres sterling (40 millions d’euros). Le musée a déjà trouvé 32,7 millions de livres sterling, notamment grâce une aide de 9,4 millions du National Lottery Heritage Fund et 6,5 millions de la Garfield Weston Foundation (dont la nouvelle aile est prendra le nom). La direction a lancé un appel aux donations pour récolter les 2,8 millions de livres manquants, en mettant en avant le financement de marches d’escalier du futur bâtiment, de mosaïques, etc.

Pendant les près de trois années de travaux prévus, l’activité du musée sera limitée à sa portion congrue. Seules ses archives et sa bibliothèque demeureront accessibles. Le musée cherche donc d’autres lieux pour les deux prestigieux prix qu’il accueille, le BP Portrait Award et le Taylor Wessing Photographic Portrait Prize.

En parallèle, le musée a officialisé sa volonté de faire circuler sa collection à travers tout le Royaume-Uni à partir de juillet 2020. « Cet ambitieux programme national exposera des centaines d’œuvres de la collection de la National Portrait Gallery, dont certaines sont rarement prêtées, à travers une série de partenariats et de collaborations pendant la période du redéveloppement », a-t-il indiqué par communiqué. N’ayant sans doute pas « fait le plein », le musée en appelle aux « organisations intéressées par un partenariat pendant cette période en vue de partager la collection de la manière la plus étendue possible ».

Des expositions sont déjà prévues avec la York Art Gallery, le Holburne Museum de Bath, les National Museums Liverpool, la Laing Art Gallery de Newcastle et la Scottish National Portrait Gallery. Elles tourneront ensuite dans d’autres villes du pays.

Des œuvres spécifiques seront également prêtées dans le cadre du programme « Coming Home » (« De retour à la maison ») pour être replacées dans leur contexte géographique originel, notamment à Belfast, Nottingham et Plymouth. L’international n’est pas oublié avec une exposition programmée prochainement au Japon, en Australie et aux États-Unis.

 

 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°533 du 15 novembre 2019, avec le titre suivant : La National Portrait Gallery va fermer pendant trois ans

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