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Donation

Histoire de Flick

Par Emma Beatty · Le Journal des Arts

Le 9 avril 2008 - 517 mots

BERLIN / ALLEMAGNE

La Hamburger Bahnhof à Berlin a reçu un important don d’œuvres contemporaines de l’entrepreneur controversé Friedrich Christian Flick

BERLIN - Le résident suisse, collectionneur d’art et héritier Friedrich Christian (« Mick ») Flick a fait don de 166 œuvres d’art contemporain représentant 44 artistes à la Hamburger Bahnhof à Berlin. Celles-ci ont été choisies en fonction de « leur importance en tant que pièces muséales », affirme Friedrich Christian Flick, qui ajoute faire ici ses adieux « à certaines de [ses] pièces préférées ». Y figurent des œuvres de Vito Acconci, Marcel Broodthaers, John Cage, Martin Kippenberger, Thomas Schütte, Raymond Pettibon et Wolfgang Tillmans. Sont également incluses plusieurs grandes installations, comme celle de l’artiste américain Bruce Nauman, Room with My Soul Left Out, Room That Does Not Care (1984) ; celle de Paul McCarthy, Saloon Theatre (1995-1996), un labyrinthe en panneaux de bois aggloméré reconstituant un saloon du Far West ; ou Gartenskulptur, dispositif long de 40 mètres conçu en 1968 par l’artiste allemand Dieter Roth. La valeur de cette donation n’a pas été dévoilée.
L’offre n’est assortie d’aucune condition, mais le musée soutient qu’il ne vend jamais d’œuvres et n’a pas l’intention de le faire un jour. Les pièces de la donation seront intégrées à la collection permanente du musée.
En 2003, Friedrich Christian Flick avait conclu un contrat de prêt sur sept ans avec le musée berlinois afin de publier et d’exposer dans sa totalité son impressionnante collection. L’année suivante, 2 500 de ses œuvres occupaient l’ensemble des 13 000 mètres carrés du rez-de-chaussée du musée, ainsi que toute la surface de la Rieck Halle voisine, réaménagé aux frais du donateur. Friedrich Christian Flick avait contacté la Hamburger Bahnhof après avoir essuyé le refus des municipalités de Zurich (Suisse), de Strasbourg (France) et de Dresde (Allemagne) d’exposer sa collection, refus motivé par les liens de sa famille avec les nazis. Le grand-père de Friedrich Christian Flick, Friedrich Flick, industriel allemand, avait alimenté les nazis en munitions durant la guerre, et fut condamné en 1947
pour avoir eu recours au travail forcé dans ses usines.
Cette donation peut faire présager d’autres dons de Friedrich Christian Flick à la Hamburger Bahnhof, d’autant qu’il a émis le souhait que sa collection soit conservée dans son intégralité. Il a commencé à acquérir des œuvres d’art dans les années 1980, conseillé par les marchands Ivan Wirth et David Zwirner, avec l’ambition de constituer une collection cohérente couvrant les mouvements de la fin du XXe siècle tels que l’art conceptuel, le minimalisme, Fluxus et l’Arte povera. Friedrich Christian Flick continue à collectionner ; lors de la dernière édition de la foire Art Basel Miami Beach, en décembre 2007, il a acheté l’installation de Christoph Büchel Training Ground for Training Ground for Democracy (1) auprès de la galerie Hauser & Wirth pour 250 000 dollars (169 850 euros). Cette dernière œuvre figure parmi celles données au musée berlinois.

(1) une version réduite de l’œuvre inachevée destinée au Mass MoCA (North Adams, Massachusetts) en 2007, et qui a récemment fait l’objet d’un procès (lire le JdA n0 267, 19 octobre 2007, p. 6).

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°279 du 11 avril 2008, avec le titre suivant : Histoire de Flick

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