Fragile temple de Junon

Le Journal des Arts

Le 5 avril 2002 - 515 mots

Selon un géologue italien, le temple dorique
de Junon, juché sur l’une
des falaises d’Agrigente
en Sicile, menacerait
de s’écrouler. Le site archéologique, situé sur
un réseau de galeries souterraines, risque de ne
pas bénéficier d’un financement suffisant
pour parer aux dégâts à venir.

AGRIGENTE (de notre correspondante) - Magnifique exemple du style dorique dans la Vallée des Temples à Agrigente, le temple de Junon, datant du Ve siècle avant J.-C., est situé, selon les analyses du géologue Vincenzo Cotecchia, sur une falaise susceptible de s’effondrer. En effet, ce professeur à l’Institut polytechnique de Bari a présenté à la préfecture d’Agrigente un projet d’exécution de travaux de consolidation de l’arête sur laquelle se dresse le temple. Les 15 millions d’euros mis à disposition de la Protection civile ne permettront qu’une intervention sur le versant est de la colline des temples, entre la Porte II et le temple de Junon. Or, les travaux de consolidation devraient concerner toute la longueur de cette arête qui passe également sous le temple de la Concorde et sous celui d’Hercule. En outre, le géologue a souhaité la fermeture de la départementale qui relie la nationale à la route panoramique menant aux pieds du temple de Junon, car les vibrations provoquées par les véhicules pourraient être à l’origine de nouveaux dégâts. L’intervention sur la falaise se fait de plus en plus urgente : de gros rochers détachés de son sommet sont dispersés le long des sentiers escarpés qui conduisent au monument. De plus, le grès de la falaise, veiné d’un réseau de profondes fissures atteignant 10 cm de large, présente des traces importantes d’humidité. Si les pluies s’intensifiaient, des éboulements de grande amplitude pourraient à nouveau se produire comme cela est arrivé lors de la catastrophe de 1976. Vincenzo Cotecchia estime que la somme indispensable pour compléter les travaux permettant de sécuriser la zone dépasse les 7 millions d’euros, soit deux millions de plus que le budget disponible. Sollicitée à cette occasion, la région d’Agrigente a déclaré ne pas disposer de la somme nécessaire. Depuis des années, la Surintendance et le directeur du parc archéologique d’Agrigente, Pietro Meli, ont signalé ce problème, sans trouver d’écho à leur mise en garde. Toutefois, Roberto Bonfiglio, responsable sur le plan régional de la gestion des catastrophes naturelles, souligne que toute la zone court un risque hydrogéologique. Le danger d’affaissement des sols serait encore plus important dans le centre historique, bâti sur les voûtes d’un réseau de galeries souterraines, construit selon la légende par le mythique Phéacien pour alimenter la piscine de Kolymbreta au cœur de la vallée des Temples. Afin d’aider (symboliquement) le financement des travaux, la visite des temples de la Concorde, d’Hercule et de Junon, situés le long de la voie Sacrée et de la nécropole, sera payante à partir du mois de mai. En outre, le conseil du parc a donné l’usufruit d’un terrain à l’intérieur de la vallée à une coopérative agricole en échange du paiement d’une taxe, tandis que l’association Giubbe Verdi assurera à titre gratuit un service de contrôle dans le parc en effectuant des rondes à cheval.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°146 du 5 avril 2002, avec le titre suivant : Fragile temple de Junon

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