Archéologie - Emploi

Face au « mur générationnel », l’Inrap recrute 200 agents en CDI

Par Sindbad Hammache · Le Journal des Arts

Le 22 avril 2022 - 580 mots

Pour renouveler son personnel qui part en retraite, l’Institut national de recherches archéologiques préventives va embaucher. Des contrats à durée indéterminée afin aussi de s’assurer de la transmission des savoirs.

Une archéologue fouille le site néolithique d'Achenheim (Bas-Rhin) en 2016. © Philippe Lefranc / Inrap
Une archéologue fouille le site néolithique d'Achenheim (Bas-Rhin) en 2016.
© Philippe Lefranc / Inrap

Paris. Voilà vingt ans que l’Afan (Association pour les fouilles archéologiques nationales) est devenue l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives). Les pionniers de l’archéologie préventive, titularisés du temps de l’association puis intégrés aux effectifs l’Inrap, se dirigent vers la fin de leur carrière : au cours de la décennie à venir, ce sont ainsi 800 archéologues, sur les 1 700 que compte l’Institut, qui pourront faire valoir leurs droits à la retraite. Un « mur générationnel » qui représente un défi pour l’Inrap : comment assurer la continuité des recherches avec ce départ massif des agents les plus chevronnés ?

Début de réponse en 2020-2021, avec une première campagne de recrutement pour près d’une centaine de postes en CDI. Pour 2022-2023, l’Institut muscle le recrutement en créant 200 contrats à durée indéterminée. « L’Inrap a décidé de préparer dès maintenant ce renouvellement en s’appuyant sur un modèle social ambitieux (objectif de 90 % d’agents en CDI) et sur sa volonté de renforcer encore sa dimension scientifique reconnue au plan national mais aussi européen », fait-il savoir par voie de communiqué.

L’enjeu de ce renouvellement des effectifs n’est pas seulement de remplacer les départs, mais tient aussi à la transmission des connaissances et compétences au sein de l’Inrap. Métier de terrain, l’archéologie ne repose pas uniquement sur des connaissances théoriques et des process, mais également sur des habitudes de travail, d’observation fine des sites de fouilles, qui s’acquièrent au fil des années. Un savoir-faire informel à préserver, comme l’a bien noté l’Institut en évoquant « un enjeu de renouvellement des générations et des compétences ».

« Une action très concrète »

Le plan de recrutements annoncé le 4 avril a été salué par les syndicats, ce dans un contexte social difficile. « C’est un signal extrêmement positif, estime Pierre Pouenat, cosecrétaire général de la SGPA (Syndicat général des personnels de l’archéologie)-CGT. Nous alertons depuis longtemps sur l’imminence de ce choc démographique. Pendant des années il n’y a eu ni expression claire de la gouvernance sur ce sujet ni action concrète. Là, c’est une action très concrète. »

La SGPA-CGT rappelle la mobilisation des agents de l’Inrap, qui s’est traduite par nombre de grèves ces dernières années : « Il y a des éléments de langage, des analyses dans le message du président [de l’Inrap] Dominique Garcia qui sont celles que l’on répète depuis des années.» Le syndicat demeure attentif à la nature de ces titularisations, qu’il souhaiterait voir destinées prioritairement aux archéologues employés en CDD par l’Institut, ainsi qu’aux agents techniciens des catégories 2 et 3, « celles qui ont le plus souffert des destructions d’emploi ». L’Inrap intègre cette catégorie dans son plan de recrutement, qui « comprendra des emplois de responsables d’opérations archéologiques, d’archéologues spécialistes, mais aussi de techniciens d’opérations », sans en préciser la proportion.

Cette vague de recrutements apparaît comme une avancée dans un climat social tendu. La revalorisation de la grille salariale, annoncée par l’Inrap, est, elle, en négociation. La régulation du recours au CDD demeure un fort enjeu social, quand la crise sanitaire a beaucoup accru l’usage de contrats d’une durée d’un mois. Facteurs de précarisation, ces contrats temporaires pèsent aussi, par leur gestion, sur la direction des ressources humaines (DRH) de l’Inrap : le 18 mars, 80 % des effectifs de la DRH se mettait en grève pour dénoncer la charge de travail causée par « un nombre de CDD exponentiel ».

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°587 du 15 avril 2022, avec le titre suivant : Face au « mur générationnel », l’Inrap recrute 200 agents en CDI

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